Love Hina
6.1
Love Hina

Manga de Ken Akamatsu (1998)

*Critique originale disponible sur Duotaku no Sora*

On se reverra à Tôdai !

Keitarô Urashima est un lycéen de 19 ans qui rêve d’intégrer l'Université de Tôdai pour exaucer la promesse qu'il a fait à une fillette étant enfant. Ses parents en ayant marre qu'il rate tout ce qu'il entreprend décident de l'envoyer loger dans la résidence tenue par sa grand-mère : la Pension Hinata.

Mais en arrivant sur place, il découvre que la pension est devenue un pensionnat pour jeunes filles dont les locataires sont toutes plus excentriques les unes que les autres. Mais ce n'est pas tout, sa grand-mère qui décide de partir faire le tour du monde le nomme soudainement gérant intérimaire de la pension à sa place.

Keitarô parviendra-t-il à concilier son nouveau travail avec ses révisions intenses pour entrer dans l'université de ses rêves ?


D'étudiant loser à gérant de pensionnat


Love Hina est l'une des premières œuvres d'AKAMATSU Ken qui eu un succès immédiat et on comprend pourquoi. Car derrière cet aspect romance/ harem dont beaucoup de futurs titres à succès s'inspireront comme Nisekoi, Rent a Girlfriend ou encore We Never Learn, Love Hina est un titre tout simplement excellent et surtout hilarant au possible !


On commence avec une histoire à priori classique avec la thématique de la promesse – qu'on retrouvera d'ailleurs dans Nisekoi des années plus tard - où l'on suit Keitarô qui cherche par tous les moyens à se faire accepter dans la prestigieuse université de Tôdai. Mais avec son nouveau rôle de gérant, il devra désormais également se faire accepter par les jeunes filles de la Pension Hinata, ce qui sera loin d'être facile ! En effet, le pauvre étudiant se retrouvera très souvent dans des situations prêtant à confusion, avec des chutes lui valant souvent des raclées de la part d'une des pensionnaires, notamment de la part de Naru avec qui il est parti d'un mauvais pied. Une relation conflictuelle s'engage alors avec cette autre bachoteuse mais qui pourrait bien évoluer vers une complicité incongrue.


Love Hina est donc un titre désormais ancien comme le laisse percevoir ses thématiques éculées mais qui se laisse toujours lire avec plaisir malgré son grand âge. Les gags feront toujours mouche, tout comme les situations totalement loufoques qui échapperont bien souvent à toute logique. Cela ne les empêchera pas de se laisser facilement accepter par le lecteur puisque l'œuvre se jouera de son côté ouvertement exagéré et saura toujours les mettre en scène d'une manière naturelle et non intrusive. On aurait pu craindre de voir l'intrigue s'effacer au profit de gags faciles et graveleux mais ce ne sera pas du tout le cas. Les relations entre Keitarô et les diverses pensionnaires évolueront de manière continue. Notamment du côté des filles qui pour la plupart commenceront à développer des sentiments pour le jeune homme qui, malgré sa maladresse, cherchera toujours à les aider lorsque celles-ci auront besoin d'aide. Et bien qu'y mettant de la bonne volonté, Keitarô se retrouvera bien souvent malgré lui la cible des rumeurs des filles, menant souvent à des situations cocasses et malheureuses pour le jeune homme qui semble poursuivi par la poisse pour notre plus grand plaisir. Et si au final la mystérieuse fille de sa promesse d'enfance se trouvera être une des héroïnes, forcément, l'auteur brouillera souvent les pistes de manière intelligente, parvenant à maintenir l'intérêt de l'intrigue jusqu'à la conclusion certes attendue, mais solide et convaincante avec un final restant dans le ton du reste du manga.


Des personnages plus excentriques les uns que les autres


On va donc suivre de nombreux personnages tous plus déjantés les uns que les autres au sein de la Pension Hinata. On aura d'abord Keitarô que l'on peut qualifier de véritable loser au début de l'œuvre. Ce jeune homme va rester focalisé sur sa promesse d'enfance pour espérer y retrouver la fille de ses rêves et ainsi enfin avoir une copine, mais sa rencontre avec ses pensionnaires va vite lui donner du fil à retordre. Grâce à ce nouvel entourage, il va petit à petit prendre confiance en lui et devenir quelqu'un de beaucoup plus mature et responsable. En somme, un personnage qui change du tout au tout mais dont la maladresse n'aura de cesse de lui faire se retrouver dans des situations rocambolesques menant à de multiples quiproquos.


Parmi les nombreuses pensionnaires, on peut parler de l'héroïne principale, Naru. Naru est une jeune fille dont le comportement envers Keitarô sera conflictuel dans les premiers chapitres. Néanmoins Naru est sérieuse et travailleuse, obnubilée par le travail, elle demandera souvent aux autres filles de faire moins de bruit pour pouvoir se concentrer. Et si ce côté renfermé et trop studieuse pourra d'abord gêner, ce sera tout autre chose dans la suite. Au fil de l'histoire, Naru finira par apprendre à lâcher prise et se rapprochera petit à petit de Keitarô, lui donnant des clés pour ses révisions puisqu'ils visent tous les deux la même université. Leur relation évoluera de manière naturelle, en faisant un bon duo principal.


Il y aura également Mitsune, qui vit de petits boulots et qui est aussi la meilleure amie de Naru. Malgré son air espiègle et sa tendance à provoquer des situations mettant Keitarô dans l'embarras, ce sera une amie sincère envers Naru qui lui donnera souvent de bons conseils afin de comprendre et accepter les sentiments qui l'habite. Tout le contraire de Motoko, une jeune lycéenne pratiquant le kendô enseigné par la célèbre école Shinmei. Une personne droite et intègre voyant d'un très mauvais œil l'arrivée de Keitarô et ne manquant pas d'essayer de le frapper avec son épée dès que celui-ci a un comportement suspect. Malgré tout, c'est une des filles qui évoluera le plus puisque petit à petit, elle commencera à perdre ce côté trop sérieux pour parvenir à être elle-même.


Enfin on aura les cadettes et Shinobu. Si Sû est une jeune fille d'origine étrangère très énergique et ingénieuse qui créera des babioles et robots en tout genre provoquant souvent des catastrophes, ce sera tout le contraire de Shinobu qui est le stéréotype classique de la jeune fille japonaise réservée, bien élevée et qui excelle dans les tâches ménagères. Si son évolution est moins significative que pour les autres filles, Shinobu apprendra tout de même petit à petit à prendre confiance en elle. En somme si ces deux collégiennes ont un développement moins marqué que leurs ainées, elles ne seront pas pour autant délaissées puisqu'avec l'influence de Sû, Shinobu sera souvent entraînée dans des situations qui la dépasse mais qui la pousseront du coup à se surpasser.


Je pense que vous l'aurez compris mais les personnages sont profondément attachants. Love Hina propose une ambiance hyper chaleureuse où on sait en ouvrant un tome qu'on va rire aux éclats devant les situations incongrues provoqués par les excentricités des protagonistes. Les personnages secondaires ne sont pas en reste, étant eux aussi assez décalés comme le professeur Seta qui est une parodie d'Indiana Jones à lui tout seul puisqu'il voyage à travers le monde afin d'explorer de nombreuses ruines mais manque toujours de mourir en rentrant de voyage. N'oublions pas Mutsumi, une fille ayant une constitution fragile et qui est complètement déphasée de la réalité et sera donc à l'origine de nombreuses situations désopilantes.


Ainsi si les personnages peuvent paraître hyper classiques à première vue avec la tsundere, la timide, la sexy ou la kendoka très traditionnelle, ne pensez pas qu'ils ne seront que des sources de situations humoristiques potentielles, car tous parviendront à se détacher du cliché dans lequel ils semblent enfermés au départ, c'est d'ailleurs en ça que l'œuvre est une vraie réussite comparée à d'autres mangas du même type !


Un style déjà défini


Niveau dessin, on retrouve facilement le style d'Akamatsu avec ses personnages ne manquant pas de charme. Et bien que l'intrigue se déroule d'abord dans une pension, l'auteur nous fera voyager à de nombreuses reprises, que ce soit dans le Japon ou bien sur des îles. Les décors dans l'ensemble sont assez classiques, tout comme le découpage des cases, mais leur simplicité est agréable et reste dans le ton du manga. De plus, j'ai beaucoup apprécié les illustrations de début de chapitre qui mettent tour à tour en avant chaque personnage. On notera également la marque de fabrique de l'auteur et son fanservice pantsu qui est le principal ressort humoristique de l'œuvre avec Keitarô entourée de jeunes filles qui se retrouve donc souvent dans des situations sources de quiproquos. Notons que le tout est principalement léger et jamais vulgaire (comme on peut le constater avec le physique très ordinaire des héroïnes loin des physiques disproportionnés de personnages d'autres mangas considérés comme plus soft) bien que le fanservice autour de Shinobu n'était pas forcément nécessaire...


Mais ce qu'il faut surtout retenir de Love Hina, c'est qu'il s'agit d'une œuvre culte au Japon comme en France qui a défini toute une part du genre harem que l'on retrouve encore aujourd'hui dans de nombreuses œuvres. Si l'humour de Love Hina peut vous sembler vu et revu de nos jours, il faut savoir qu'à l'époque ce type de fanservice léger avec des coups de vent qui soulèvent les jupes ou un héros qui trébuche et tombe malencontreusement sur la poitrine de l'héroïne était encore quelque chose de rare dans le sens où cela n'était jamais l'élément central d'un manga. Quelques rares auteurs ont donc popularisé ce contenu, mais celui qui l'a vraiment démocratisé et qui est parvenu à en faire un genre à part entière n'est autre qu'Akamatsu avec Love Hina qui fût un des plus gros succès de l'époque, faisant d'Akamatsu le maître incontesté du genre romcom harem ecchi. Et on comprend parfaitement pourquoi puisqu'il excelle avec ses gags aux chutes souvent inattendues et ses personnages admirablement bien développés qui en deviennent profondément attachants malgré leur simplicité. Si aujourd'hui les plus jeunes se souviennent surtout de Negima ! du même auteur, il ne faut néanmoins pas oublier que Love Hina est encore aujourd'hui considéré comme un classique dans son genre.


À ce propos, on peut d'ailleurs noter que Pika, l'éditeur des œuvres d'Akamatsu en France, avait lancé en 2014 une réédition pour cette œuvre phare qui avait été supplantée par le succès grandissant de Negima ! à l'époque. Si cette réédition après la fin de parution de Negima ! était louable, malheureusement elle ne rencontra pas un nouveau public (Negima ! s'adressant beaucoup plus aux fans de shônen nekketsu que son confrère). Moi-même j'avoue avoir gardé une préférence pour la première édition où les illustrations des couvertures étaient raccord avec ce qui est raconté dans le tome, là où pour la réédition on a des illustrations de l'auteur mais qui n'ont absolument rien à voir avec le contenu du tome en question. De plus il faut savoir que cette réédition n'a subi aucune modification autre que ce changement de couvertures un peu hasardeux. La traduction était soignée mais déjà vieillissante avec son lexique en début de tome pour expliquer les termes japonais, et il aurait été judicieux de retoucher la mise en page des onomatopées qui a beaucoup changé au fil des années, mais malheureusement l'idée ne semble pas avoir effleuré l'éditeur, donnant une réédition malheureusement rapidement tombée dans l'oubli...


Les portes du pensionnat Hinata vous sont ouvertes


Ainsi Love Hina est un classique ! Un classique que je recommande tant le manga fait sourire et parvient à nous faire rire avec son lot de situations désopilantes et des gags qui fonctionnent toujours, son lot de personnages excentriques et totalement décalés n'étant pas en reste non plus. Il demeure un pilier qui n'a pas à rougir de son grand âge, bien au contraire !


Un manga dont la lecture fera passer un très bon moment et qui encore aujourd'hui est une des plus grandes réussites parmi tous les titres tirés du même genre.



DuotakunoSora
7
Écrit par

Créée

le 10 nov. 2023

Critique lue 11 fois

Duotaku_no_Sora

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