Anthologie mal ficelée pour des récits démodés

Le seul plaisir que j'ai, c'est pour les dessins, notamment les formes contorsionnées et allongées des corps en mouvement.

Après, ils ont déjà fait n'importe quoi avec l'anthologie des chapitres à pages en couleurs de Urusei Yatsura, mais je possède les 18 tomes de l'édition miniature donc cela ne m'a pas concerné. Ici, le mot "anthologie" pose problème, je ne pense ni que ce soit les meilleures histoires, ni les plus représentatives, surtout que j'ai un souvenir de l'ancien animé diffusé en France dans les années 80.

Certes, c'est moins censuré, mais ce qui pose problème, c'est que c'est une série d'histoires courtes à la va-vite. On entre dans des intrigues où on n'a pas les tenants et les aboutissants. On a des personnages qui ne sont pas introduits pour qu'on les connaisse plus familièrement. Le cas est flagrant pour le petit Lupin. Je veux bien qu'on l'introduise avec l'histoire proposée, mais alors on donne d'autres histoires ensuite pour qu'on comprenne bien quel est le personnage. Là, c'est du néant. On a un récit avec des blagues, mais ça ne fait pas un univers. La femme Yujiko, elle n'est pas introduite. Heureusement qu'on a vu le film de Miyazaki et qu'on sait que le vrai Arsène Lupin est en conflit avec la comtesse de Cagliostro pour laquelle il a été un court moment épris. On a le cliché de la femme cambrioleuse rivale, le cliché du flic, etc. Mais de là à nous jeter sans prévenir dans des intrigues qui vont à toute vitesse.

Si j'ai bien compris, certaines histoires ne sont même pas complètes. On a juste la fin.

On a des gags tirés de l'actualité cinématographique : western ou le début des Aventuriers de l'arche perdue (on ne compte plus les mangas et animés qui ont refait sa grande scène d'ouverture, ça devait être l'un des premiers). On a des gags aussi qui renvoient à une époque de la BD très années 70, début 80. On a plusieurs récits dans cette anthologie qui sont des variations sur le fait de prendre la tête d'un autre et on a une histoire où on a une cascade de révélations que tel visage en cache un autre, et ainsi de suite. Personnellement, j'ai senti là un gag cliché assez ancien.

Bref, on a des récits courts à chutes, c'est un format d'époque qu'on avait dans les BD Walt Disney ou dans les histoires courtes des magazines BD européennes. Je ne vais pas dire que c'est daté, car ça ne vieillit pas ces récits à chutes. En revanche, ce n'est pas des chutes étonnantes et super bien amenées. C'est du pain de sucre d'une époque où on s'en contentait. Certes, les générations passées, vu qu'elles n'avaient pas les réseaux sociaux, étaient plus matures, plus fines dans leurs attentes, mais il faut avouer aussi qu'il y avait une acceptation des blagues lourdes et de chutes convenues, il y avait une acceptation plus profonde de l'hystérie comique, vu que la société était plus tenue, plus contrainte à la patience. Je pense que ce manga, du moins vu sa sélection d'histoires, ne peut pas marcher de nos jours.