Mertownville, trois tomes pour une série en trois tons.

Le premier opus a pour lui la nouveauté. Un trait contemporain, frais, qui fait la part belle à des personnages croqués façon «poses de mode». Des décors délaissés et un découpage en strips plutôt minimaliste facilitent l'affection pour des héros aux personnalités puissantes et plus fouillées qu'il n'y paraît. Une voix off ponctue souvent le graphisme, apportant un décalage assez irrésistible. On est sous le charme de Lydia adolescente en quête d'émancipation, passionnée de dessin qui rêve d'une formation artistique et de son militaire de papa qui ne jure que par l'ordre. Un compromis sera trouvé dans l'université de Mertownville qui propose un cursus «art et justice» plutôt énigmatique.
Une bonne introduction qui met l'eau à la bouche

Dans le second volume, le voile est levé sur cette mystérieuse option justice. La forme, identique, reste agréable, bien que la quasi-absence de décors se fasse cette fois plus pesante. Sûrement le fait d'un fond beaucoup moins accrocheur. La surprise passée ce sont maintenant les tranches de vie universitaire et les états d'âmes d'étudiantes Lolita qui s'exposent. On n'échappe pas à l'inévitable rite d'initiation et on a même droit à une parenthèse défilé fashion. Même si l'humour est toujours là, il pointe, de temps en temps, une certaine sensation de lassitude.
Pas tout à fait concerné, je suis un peu passé à côté.

Le tome qui clôt ce triptyque apporte une petite cassure dans le style. La ligne beaucoup plus nerveuse et incisive, une scénographie dorénavant détaillée et une narration plus formatée bd qui enrichissent indéniablement la partition. Le récit ne reste pas en marge. Pour l'héroïne c'est la fin de la formation. En forme de quête, elle remplira les quelques blancs de l'histoire de sa jeune vie, autorisant, au passage, de multiples flashbacks délicieux sur le passé du père. La tonalité est résolument second degré, accentuée de quelques touches dramatiques parfaitement bien senties.
Mon préféré.

Quelquefois un peu inégale à mon goût, cette série, réussie et originale, m'a fait passer de très bons moments. À la fin, cependant, demeurent quelques interrogations en suspens qui me laissent penser que le potentiel n'est pas totalement exploité. Elle s'enorgueillirait certainement d'un second cycle. Et si une suite pointait le bout de son nez ? Monsieur l'auteur ? Monsieur l'éditeur ?
Sejy
7
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le 21 août 2011

Critique lue 202 fois

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Sejy

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