Ma révérence c’est l’histoire de Vincent, un trentenaire un poil paumé, qui décide de braquer un fourgon avec son copain Gaby, roi des beaufs et des abrutis. Vincent n’est pas un méchant gars, il veut juste faire un braquage "humanitaire", sans violence avec redistribution des biens. Son but c’est retourner en Afrique, retrouver la femme qu’il aime. Femme qu’il a quitté pour cause de bébé on the way.
Ça, c’est pour le pitch. Pour la forme, parlons de drame comico-social, de récit de vies brisées, de satire sociale. Dur de trouver un personnage heureux dans tout ça. Au moins Vincent, personnage principal de son état, a un but. Seulement pour la tirer cette révérence, il faut que le braquage se passe bien. Et ça, avec la galerie de personnages que se trimballe Ma révérence, ben… c’est pas gagné. Ça peut faire sourire, rire, émouvoir. Bref, il y a tout le package.
Mais la première chose qui m’a fait aimer cette BD c’est le style de Wilfrid Lupano. D’abord, par son talent à déployer une histoire difficile, à faire dans le flash-back et surtout par le style très oral, familier du personnage principal. Celui-ci s’adresse… au lecteur dirons-nous. A expliquer les choses,se justifier, créer un lien. Vincent a de la gouaille, du cynisme à revendre. Sa "normalité" tranche avec son compère, et sa philosophie se tient plutôt pas mal.
Passé le style, c’est la structure en béton du scénario qui fait dire que quand même là, ben… chapeau. Entre les flash-backs, les apartés et les parenthèses sur la vie de machin ou truc, on ne perd pas le fil. Cette structure, qui peut sembler décousue, s’explique facilement puisque c’est le personnage qui raconte. Et malgré cette subjectivité apparente du récit, Wilfrid Lupano arrive à des personnages bien étoffés, psychologiquement parlant. Même pour le roi des beaufs.
Pour le dessin, une fois de plus les mots me manquent. A chacun de se faire son idée. Voici les 8 premières planches : http://www.bdgest.com/preview-1344-BD-ma-reverence-recit-complet.html