Pénélope Bagieu révèle en 2008, via sa BD Ma vie est tout à fait fascinante, à quel point les français, en BD, comme en matière de cinéma n'ont pas nécessairement les meilleurs goûts possibles.
Entendons nous, je n'ai rien contre Pénélope Bagieu elle-même, mais cette BD représente parfaitement tout ce qui m'énerve, tout ce qui m'agace et surtout parvient malgré tout à plaire au plus grand nombre. C'est horrible car Pénélope Bagieu, avec la parution d'une telle BD montre, au contraire, sa non-maîtrise d'un tel support, voir son irrespect et pourtant les gens achètent.
Qu'on ne s'étonne pas, d'ailleurs, si les tomes suivant furent d'un autre level tant il me semble évident que Bagieu a du comprendre elle-même les limites de ce premier essai dans le monde du neuvième art.
Bon, pourquoi être aussi assassin ? Parce que ce tome n'est pas une BD. Ce tome est une suite de note de blog-BD compilé dans une BD. Mais ce n'est pas une BD. Le format ne s'y prête pas du tout et j'ai du mal à imaginer que des gens aient vraiment craché 15 euros pour ça. Un nombre énorme de planches n'est composé que d'un seul dessin. Bonjour l'effort.
Dessin qui se veut minimaliste mais est, plutôt, simpliste. Je dis ça en connaissant le style futur de Bagieu qui a beaucoup évolué. C'est donc regrettable car ici, c'est l'absence de complexité, la simplicité volontaire et le manque évident d'âme qui est présent.
Une nouvelle fois le format n'est pas adapté et on paye surtout de l'absence de remplissage, de l'absence de réflexion.
Le changement de format a entrainé aussi une baisse de l'humour. On ne s'attend pas à la même chose avec des notes régulières sur un blog que dans une BD qu'on lit d'un coup (et même en 5 minutes vu la longueur). On rigole donc bien peu et on a même un sentiment d'inachevé très régulier.
Cela ne serait pas gênant sur un blog car le format empêche cela. Mais ici on est face à une BD ! Enfin en théorie tant on voit qu'on nous vomit littéralement dessus. Aucun effort n'est fait, le changement de format rend l'humour inefficace 6 fois sur 10.
Le problème c'est que même lorsque ça peut passer j'ai souvent été gênée. Je sais qu'on ne devrait pas demander du militantisme mais Pénélope Bagieu représente un certain type de femme qui use et abuse d'une pseudo-féminité et faiblesse et qui me déplait assez. Une nouvelle fois un blog n'est pas comme une BD, je me permet de penser qu'il y a un certain aspect public ici qui entraine la question « est-ce que la conduite de Pénélope Bagieu, si elle était revendiqué par des hommes plairait ou non ? » Je pense que non. Je pense que cette BD a un arrière-goût d'anti-féminisme qui ne se comprend pas, qui ne s'assume pas peut être. Là dessus, je suis évidemment très subjectif.
De la même manière, dans la même subjectivité, le personnage, assez superficiel (je ne sais si elle est véritablement comme ça ou si pour les besoins du blog elle a augmenté ses défauts) et m'énerve bien souvent. L'humour est d'ailleurs, le plus souvent, tiré vers le bas.
On a donc une BD qui recycle des planches d'un blog. On voit au passage que le changement de format n'est pas réfléchi, pas pensé et que, du même coup, cela fonctionne bien moins bien. Moins drôle et quand il l'est, c'est souvent faible. Le dessin, bien qu'ayant un petit quelque chose manque encore grandement de maturité et on paye pour 40% de vide finalement.
Enfin, le fond de la BD est d'un tel manque de profondeur que je comprend mal comment on peut pousser à cet achat.
Ma vie est tout à fait fascinante a d'ailleurs un titre qui se veut ironique et je crois, très sincèrement, que Pénélope Bagieu doit se demander elle-même comment ses mésaventures peuvent intéresser les gens. Je me pose la question en tout cas, me demandant comme un tel vide de fond et de forme peut motiver les gens à acheter cela.