Gomont propose une jolie réflexion sur l’adolescence, ses questionnements et ses turpitudes tout en dressant le portrait d’un père aussi incompétent qu’imprévisible. Difficile de trouver la moindre circonstance atténuante à un pervers narcissique tel que Gabriel dont l’emprise sur les siens ne fait que distendre les liens. Mais à aucun moment le narrateur n’exprime le moindre jugement. C’est là toute la force du récit que de laisser le lecteur se faire son propre point de vue sur cet homme finalement très fragile dont le comportement déplorable peut trouver une éventuelle explication dans sa soif délirante de reconnaissance et de préservation d’un patrimoine familial forcément voué à disparaître malgré ses nombreuses gesticulations.
Le dessin tout en souplesse rappelle le trait de Christophe Blain (Isaac le pirate), les couleurs sont somptueuses et la jungle africaine magnifiquement restituée. Le découpage est quant à lui limpide, d’une grande maîtrise, il donne une surprenante impression de facilité. Cerise sur le gâteau, le texte est extrêmement bien écrit.