Malgré tout de Jordi Lafebre, c’est un peu comme regarder une histoire d’amour sur un vieux magnétoscope… mais en appuyant sur le bouton « rembobiner ». Une romance à l’envers qui prouve que l’amour ne suit pas toujours un script linéaire, et franchement, c’est rafraîchissant.
Dès les premières pages (ou plutôt la fin, vu le concept), on plonge dans l’histoire de deux amoureux séparés par la vie mais réunis par les étoiles… et des choix discutables. On commence par le grand âge, les rides, les sourires complices, pour reculer petit à petit vers l’insouciance de la jeunesse, comme si l’histoire nous murmurait à l’oreille : "Spoiler alert, tout finit bien (ou commence bien ?)".
Le talent de Jordi Lafebre explose dans chaque planche. Ses dessins respirent la tendresse, avec une palette de couleurs qui donne envie de boire un chocolat chaud sous une couverture. Les visages sont incroyablement expressifs, chaque sourire ou froncement de sourcil raconte une part de leur histoire. On sent que Lafebre est autant un poète qu’un dessinateur, transformant les gestes les plus banals en petites œuvres d’art.
Le point fort ? La structure narrative. En remontant le temps, Lafebre joue avec nos attentes et notre curiosité. À chaque chapitre, on découvre ce qui les a menés à l’instant qu’on vient de lire. C’est comme un puzzle sentimental où chaque pièce se met en place à l’envers. Et pourtant, jamais on ne se perd dans ce tourbillon temporel : tout est clair, fluide, et brillamment orchestré.
Pourtant, tout n’est pas parfait (parce que rien ne l’est vraiment, n’est-ce pas ?). À force de douceur et de poésie, certains pourraient trouver que l’histoire manque un peu de mordant ou de conflits marquants. Mais est-ce vraiment un défaut, quand ce qu’on cherche, c’est une bulle de sérénité et d’émotions ?
En résumé, Malgré tout est une déclaration d’amour à l’amour lui-même. Un bijou graphique et narratif qui nous rappelle que, parfois, le chemin parcouru est tout aussi important que la destination. Une BD à savourer lentement, en laissant son cœur faire des pirouettes. Si vous n’y croyez pas, eh bien… malgré tout, vous risquez de tomber sous le charme.