Après l'excellent Erased, voici un nouveau manga mettant le temps à l'honneur avec une rencontre a priori improbable : le héros, Shuhei, 17 ans, dialogue, à travers une fenêtre avec celui qu'il sera dans trois ans ! Et le moins que l'on puisse dire c'est que son avenir ne correspond pas à celui qu'il s'imagine : il n'intégrera pas l'université Todai et ce sera le premier pas vers une chute sociale le coupant de sa famille, de ses amis...
On comprend alors rapidement l'intérêt de leur entrevue : changer ce qui va arriver à Shuhei pour que dans trois ans il se trouve dans une condition plus confortable ! Et c'est ici que surgissent les grandes questions liés à la thématique de la manipulation du temps : peut-on changer son futur ou alors le temps est un flot que l'on ne peut jamais perturber ? Si c'est possible jusqu'à quel point peut-on modifier le cours des événements ? Avec quelles conséquences ? Le héros doit-il suivre tous les conseils du Shuhei de 20 ans ? Peut-il lui faire confiance ? Des questions loin d'être triviales, surtout que le jeune Shuhei pourrait vouloir agir sur d'autres avenirs que le sien... et cela ne risque-t-il pas de tout compliquer ? Le Shuhei de 20 ans le voudra-t-il ?
Un point particulièrement intéressant dans ce premier tome est le fait que les personnages ne peuvent pas se toucher, rien se transmettre directement. Ils ne peuvent que se parler à travers une fenêtre. Un support fragile et, en même temps, la présence de cette fenêtre comme interface entre eux est intéressante par la symbolique qu'elle évoque : se parler à travers une vitre convoque l'image des dialogues en prison... mais quel Shuhei est véritablement derrière les barreaux ? La réponse sera sans doute moins simple qu'on le pense.
Le graphisme m'a plu, la mise en scène aussi tout comme la construction progressive de l'intrigue. Certes on n'échappe pas à l'amie d'enfance dont le héros est amoureux mais ce premier tome (sur trois) installe une intrigue claire, bien exécutée et qui donne envie de lire la suite.