À l'assaut de la Terre
Ce tome fait suite à Invincible T6 - Ménage à trois (épisodes 31 à 35 et 0) qu'il faut avoir lu avant. Il comprend les épisodes 36 à 41 initialement parus en 2006/2007, écrits par Robert Kirkman,...
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le 10 nov. 2019
Ce tome fait suite à Invincible T6 - Ménage à trois (épisodes 31 à 35 et 0) qu'il faut avoir lu avant. Il comprend les épisodes 36 à 41 initialement parus en 2006/2007, écrits par Robert Kirkman, dessinés et encrés par Ryan Ottley, avec une mise en couleurs réalisée par Bill Crabtree. Il commence avec un texte d'introduction de 2 pages rédigé par Ottley expliquant pourquoi il n'était pas enchanté quand les premiers épisodes de la série sont parus : encore un nouveau superhéros de plus ! Il se termine avec une section de 14 pages de crayonnés et d'études graphiques commentées.
Dans une formation rocheuse de l'Utah se trouve le quartier général des Gardiens du Globe. Dans les vestiaires, Rex Splode (Rex Sloan) vient d'apprendre que Immortal s'est marié avec Dupli-Kate (Kate Cha) et il en discute avec Shrinking Ray, Black Samson (Markus Grimshaw) et Bulletproof (Zandale Randolph). De son côté, Invincible rejoint le campus de son université et rentre dans sa chambre qu'il partage avec William Clockwell. Ce dernier lui indique qu'il a un courrier du président de l'université le convoquant à un entretien sur son assiduité. Il lui rappelle que Rick Sheridan un autre élève, est toujours porté disparu. William indique qu'il a une piste, et Mark Grayson accepte de l'aider le soir même. Dans une grande ville, les Gardiens du Globe interviennent pour stopper Doc Seismic et son armée de créatures de lave. L'équipe se compose de Rex Splode, Immortal, Dupli-Kate, Black Samson, Shrinking Ray, Bulletproof, Robot et Monster Girl. À l'issue du combat, ils font connaissance avec Shapesmith et Immortal l'invite à rejoindre l'équipe. Le soir venu, William Clockwell s'est déguisé en sans-abri et se fait transporter par Invincible dans un parc où il y a eu plusieurs disparitions. Cockwell s'installe sur un banc et Invincible se cache dans les fourrés, chacun des 2 promettant de ne pas s'endormir.
Invincible et William Clockwell se sont endormis et un Reanimen apparaît et s'empare de Clockwell. Celui s'éveille de suite et fait mine de parler sous l'emprise de l'alcool. Mark Grayson s'éveille et suit le Reanimen avec William sur son épaule. Après avoir regardé autour de lui, le Reanimen soulève une plaque d'égout et descend sous terre. Invincible le suit et retrouve sa trace dans les égouts. Il se fait attaquer par 3 Reanimen qui lui donnent du fil à retordre. Pendant ce temps-là, l'autre Reanimen continue de progresser et William appelle Mark, se rendant compte qu'il va se faire semer. Invincible continue de se battre et casse le casque d'un de ses opposants. Il reconnaît le visage de Rick Sheridan qui lui ne le reconnaît pas. Les 3 Reanimen réussissent à plaquer Invincible au sol, dans les effluves, sans qu'il ne parvienne à reprendre le dessus. William Clockwell a été livré à D.A. Sinclair et attaché sur une table de laboratoire inclinée. D.A. Sinclair a déjà préparé la solution pour le transformer et il s'approche pour lui injecter.
Ce tome marque le début de la quatrième année d'existence de la série. En tant que créateur, Robert Kirkman a atteint plusieurs de ses objectifs. Tout d'abord, la série a survécu à un démarrage en demi-teinte et a prouvé que le marché des comics américains pouvait encore accueillir un superhéros de plus. Invincible est très réussi : un jeune homme positif et réfléchi, avec des personnages secondaires très attachants (dommage qu'on ne voit April Howsam que le temps d'une seule page dans l'épisode 38), dans une comédie de situation plus sensible que la moyenne, vivant des aventures spectaculaires, et s'enrichissant d'une continuité grandissante. Dans le premier épisode, le lecteur découvre un dessin en double page montrant Invincible volant dans le ciel. Dans les pages en fin de tome, Ryan Ottley explique qu'il s'agit au départ d'une illustration réalisée pour un poster, et qu'elle lui a demandé de nombreuses heures de travail. L'image montre que Mark Grayson a acquis une plus grande assurance depuis le début de la série. S'il y prête attention le lecteur observe que les postures d'Invincible attestent effectivement d'une plus grande confiance en soi, ce qui est en phase avec sa capacité de décision, ses relations interpersonnelles et sa plus grande expérience. Il peut voir que Mark Grayson a gagné en maturité, que ce soit lorsqu'il se bat contre des supercriminels ou quand il discute d'une situation avec un ami ou une amie. Pour autant il n'est pas encore blasé, encore moins cynique. Robert Kirkman sait montrer, sans s'appuyer sur des répliques explicatives, que son personnage grandit.
Comme dans les tomes précédents, les personnages secondaires existent au point que le lecteur s'investit dans leur vie et les risques qu'ils prennent. La seule exception réside dans le mariage soudain d'Immortal et Dupli-Kate qui s'est déroulé hors épisode. Il guette donc le retour d'April Howsam (la préceptrice d'Oliver Grayson), et est assez déçu par la brièveté de son apparition et son apparence plus banale que dans le tome précédent. Dans un premier temps, William Clockwell est égal à lui-même, plutôt unidimensionnel et fade. Cela change avec son déguisement de sans-abri et son rôle de demoiselle en détresse. Le dessinateur montre un jeune tout ce qu'il y a de plus ordinaire, au déguisement volontairement artificiel, et à l'entrain communicatif. Le scénariste s'amuse donc à retourner le cliché de la demoiselle en détresse en plaçant un jeune homme en détresse, attendant d'être sauvé par le jeune et vaillant héros. Kirkman a enfin décidé d'apporter une résolution à l'intrigue secondaire relative à la disparition de Rick Sheridan. Le lecteur ne souvient plus trop du nombre de cases dans lesquelles il a pu déjà apparaître (pas énormément), et Ottley lui donne également une apparence banale. Le lecteur est donc pris par surprise quand il s'aperçoit qu'il éprouve de la compassion pour ce jeune homme. Il a subi des transformations radicales et il ressent une profonde amertume à ne plus être normal. Donald Ferguson, un agent de l'Agence Globale de Défense (Global Defense Agency), lui propose de lui apporter son soutien et il s'en suit une discussion inattendue, sensible et crédible, au cours de laquelle il est facile de suivre l'évolution de l'état d'esprit de Rick Sheridan avec ses expressions de visage.
Tout au long de ces épisodes, le lecteur découvre que chaque protagoniste recèle une histoire personnelle unique qui lui donne de l'épaisseur. De manière inattendue, Rex Splode dépasse son statut de ressort comique, un gugusse blessant sans le faire exprès son interlocuteur à chaque qu'il ouvre la bouche, par des propos peu réfléchis. Sa force de caractère se révèle lors d'un combat sanglant au cours duquel sa fibre héroïque apparaît pleinement, le lecteur ayant mal pour lui en voyant la nature et l'ampleur de sa blessure, représentée de manière caricaturale, mais très parlante pour autant. Au fil de ces 6 épisodes, le drame est présent très régulièrement, avec un nombre de morts impressionnant. Les auteurs manient avec la même justesse la comédie, y compris sous sa forme de sitcom. Le lecteur assiste à une discussion plus vraie que nature sur les mérites respectifs de Mark et Gary en tant que copains d'Amber Bennett, énoncés par les copines et les copains d'Amber dans sa chambre d'étudiante. Il se retrouve le spectateur un peu voyeur des hésitations du cœur entre Mark et Eve, les dessins pragmatiques d'Ottley s'avérant parfait pour montrer de manière factuelle l'embarras des 2 jeunes gens. Même s'il voit bien de grosses ficelles de temps à autre, ainsi que des fausses pistes juste pour retenir son attention, le lecteur se laisse prendre au jeu, s'investissant émotionnellement pour Shapesmith, le martien qui donne son titre au recueil.
Robert Kirkman continue également de mettre en œuvre les conventions propres aux récits de superhéros : des combats contre des supercriminels, des aventures spectaculaires. Le lecteur retrouve des supercriminels d'opérette. Doc Seismic ne fait une apparition que pour remplir le quota de scène d'action dans le premier épisode. Il se produit encore une invasion extraterrestre, l'un des prétextes les plus utilisés (avec les robots tueurs) pour créer un ennemi de toute pièce. Pourtant ça fonctionne, parce que Ryan Ottley prend visiblement grand plaisir à passer du temps à concevoir des costumes pour tous ces ennemis, et a investi un temps considérable pour représenter le gigantesque vaisseau martien. Les auteurs utilisent sans vergogne les poncifs des récits de superhéros, mais ils y mettent assez de temps et d'énergie pour leur réinsuffler de la consistance, et de la conviction. L'intrigue s'appuie également sur la continuité interne patiemment développée pendant les 3 premières années d'existence de la série. Cela fait partie des attendus d'un comics de superhéros : le lecteur s'y attend et il ne sera pas revenu pour ce tome 7 s'il y est allergique. Il éprouve donc bien la sensation d'être dans un univers cohérent et visiblement sans limite : les personnages continuent de se croiser et d'interagir, et il y a toujours de nouveaux domaines à explorer.
Robert Kirkman et Ryan Ottley donnent au lecteur exactement ce qu'il attend : des superhéros avec leurs conventions narratives, une familiarité née d'un univers spécifique et de personnages récurrents, une impression d'univers infini avec toujours des nouveautés inventives, des aventures spectaculaires renouvelées, et des personnages consistants différenciés et attachants. Ils donnent aussi ce petit quelque chose de plus par rapport aux univers partagés de DC et Marvel : une véritable évolution et pas une illusion de changement.
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le 10 nov. 2019
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