Ou l'oeuvre d'un fils à travers l'histoire de son père ?
Durant une dizaine d'années, Art Spiegelman a écouté son père, pris note, l'a enregistré avec son magnétophone pour écrire une bande dessinée. Son but, on le suppose à la lecture de Maus, était double : réaliser une oeuvre à propos de l'histoire de son père tout en essayant de se positionner, lui, en tant que fils d'une personne Juive ayant vécu la seconde guerre mondiale en Pologne.
Parce qu'il est évidemment question de cette guerre. Artie (comme l'appelle Vladek, son père) retrace l'histoire de ses parents des années 30 jusqu'à la fin de guerre. N'ayant malheureusement que le point de vue de son père, sa mère s'étant suicidée des années plus tôt, Art propose alors cette histoire complexe tout en nous faisant part de ses propres réflexions en tant que dessinateur et individu de la génération d'après. Comment décrire son père, le présenter au lecteur ? Mais cette question en pose d'autres, comment se le décrire, se le représenter ? Et les atrocités vécues, les camps, la faim, l'incertitude, la brutalité, la peur ?
Maus permet donc d'être observateur des réflexions d'Art et d'une histoire individuelle, ô combien importante pour une mémoire collective. Cela est fait en représentant les humains en animaux, analogie qui se comprend très facilement dès le début de la lecture. Et il y aurait tant de choses à dire en plus mais honnêtement, il est surtout question ici d'écouter et de lire.
Maus semble réellement s'imposer comme un incontournable de la bande dessinée.