Mi-rage, mi-dérision
A la toute fin de Mirages, succédant à l’histoire vindicative d’Agorn, aux aventures exotico-érotiques d’Yrris (1975), et à l’illustration du Necromicon de Lovecraft (1964), se trouve « 4 pages...
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le 3 janv. 2017
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Mirages est un album d'inédits datant des années 1970 et publiés à l'origine dans divers journaux (Métal Hurlant, L'Echo des savanes, (A suivre), Fluide glacial...).
Il est divisé en trois parties distinctes : Histoires sèches, Mon frère robot et Agorn va et tue !.
Histoires sèches est la partie la plus détestable du lot, dans laquelle Druillet se complait dans le répugnant et l'ordurier. Le premier récit "Le Garage à vélo" (1974) donne le ton puisqu'on y voit une bande de loubards violer avec force détails un petit garçon qui a eu le tort de frôler une de leurs motos avec son vélo. La population se fait vengeance, tout finit par un bain de sang et la vie du quartier reprend son cours. L'histoire suivante ("Plein le froc" - 1976) est dans le même esprit crado et repoussant. Les autres ("Danse", "Noces" - 1978 et "Histoire sèche" - 1979) sont tout autant détestables. Seule "Les Fous" (1978) se lit.
Mon frère robot relève un peu le niveau. On y trouve des récits beaucoup plus acceptables. "Mon frère robot" ou "Le Messager des ombres" sur un scénario de Lob (tous deux datant de 1978) sont dans un registre habituel de la S.F. chez Druillet. "Aaarrrzzz" (1970) est une figure classique de l'Homme mis à la place de l'animal. "Nouvel An" (1979) est de loin le récit le plus intéressant du lot parce qu'il est drôle. "Sable", "Hamilton Potemkine" (1976) et "Rut" (1975) sont des histoires graveleuses qui plairont aux amateurs du genre uniquement.
Agorn va et tue ! est la partie la plus intéressante de l'album. Ça commence par "Les Aventures d'Yrris" dessinées par Alexis en 1975. Le scénario de Druillet (pas son point fort, comme Giraud) est plutôt banal et le récit ne vaut en fait que pour la surprise de retrouver le trait élégant d'Alexis, inattendu ici. Arrive ensuite une vraie curiosité puisqu'il s'agit de "La Cité sans nom" d'après Lovecraft et dessiné en 1967 alors que le style Druillet n'était pas encore affirmé. On décèle déjà cependant la forte personnalité de l'auteur dans ces 4 planches de jeunesse. En remplissage, et pour compléter cette adaptation, on trouve ensuite des pages d'écritures calligraphiées, des croquis, d'après Le Nécronomicon exécutées en 1964.
Le récit majeur de cette partie (et de l'album) est "Agorn" (1975) dont une des magnifiques illustrations mise en couleurs sert de couverture à l'édition originale. On y trouve tout ce qui fait le style de Druillet dans un magnifique noir & blanc. Il s'agit d'une légende barbare gothique et romantique comme l'auteur les affectionne. Et pour conclure, Gotlib - comme toujours depuis qu'il a quitté Pilote pour Fluide glacial - nous sert un habituel scénario scatologique sans surprise, ni intérêt. Seules ses interventions en tant que dessinateur valent quelque chose.
Au final, plus que jamais, cet album ne s'adresse qu'aux inconditionnels absolus de Druillet. A personne d'autre. Dommage pour "Agorn" et "Nouvel An".
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Créée
le 25 mai 2017
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