Je vais évacuer ici le seul point commun qui me relie à ce médiocre lecteur : nous avons mis une note similaire. Pour le reste, je me désolidarise totalement de l'analyse de ce cuistre qui choque le bon sens le plus élémentaire. Jean Pretre réussit la prouesse de dire autant de bêtises et d'inepties à l'intérieur d'une critique digne d'un télégraphe. Du moins, son style nominal est à la hauteur de son intelligence littéraire.
Sa première réflexion est déjà une insulte à Urasawa : "La traque intrépide d'un méchant improbable mais tellement jouissif." Dès le premier adjectif, sa crédibilité s'effondre. Ne vous-y méprenez pas, malgré le massacre globale du monstre et le nombre de villes par lesquelles tous nos héros passent, la véritable qualité de cette enquête, c'est qu'elle n'est pas trop nerveuse. Avec tout mon respect pour Tenma, le cœur de Monster c'est les ramifications d'Urasawa sur tous les personnages qui l'entourent, avec leur doute, leur crainte et leur utilité dans l'enquête. Ce n'est pas le chemin de l'infaillible neurochirurgien qui rend cette traque intéressante. C'est plutôt l'avancée tragicomique de Runge dans son enquête obsessionnelle, c'est la quête d'émotion de Grimmer, c'est la vengeance du psychologue, c'est la recherche du passé d'Anna qui fait tout le sel de cette enquête. On peut considérer la traque dans un état stationnaire, tant Urasawa prend son temps, pour notre plus grand plaisir, à développer les éléments qui gravitent autour des deux personnages principaux (Johann et Tenma). Il est de toute manière plus intéressant de suivre des gens qui doutent et qui sont happés par le monstre, plutôt que la lutte de deux caractères imperturbables (soit intrépide selon la définition du Larousse). Non seulement cette traque n'est pas intrépide, mais les traits qui la rendent intrépides sont les moins intéressants. Art 1 Jean Pretre 0.
Faible analyste esthétique, Jean n'est également pas un amateur de sociologie : "un méchant improbable" ?. Est-il possible que l'on ait lu le même manga ? Johann n'est pas improbable, il n'est que le produit, comme le mangaka l'insiste à plusieurs reprises, de son éducation dans un orphelinat de l'Allemagne. Par l'éducation, on construit tout de l'individu, même la perte de ses sentiments, ce qui est ici le cas. Je renvoie bien sûr notre triste sire, M.Pretre, à Bourdieu, Passeron et Montessori, pour qu'il étoffe un peu plus sa réflexion.
J'en arrive au point qui a été la cause pour moi d'une colère indignée : "Une ville où tout se termine... En eau de boudin, Et une dernière page frustrante ". J'ai bien peur pour notre cobaye, qu'il ait négligé l'avertissement qui conclut chaque tome, pour prévenir le lecteur occidental, qu'il tient le manga dans le mauvais sens. J'en veux pour preuve que la ville est le début du tome 9 et non sa conclusion. La fin de Monster n'est pas du tout frustrante, au contraire, elle est géniale, parce qu'elle montre qu'Urosawa pense son roman comme une boucle où Tenma et Johann sont condamnés à jouer au jeu du chat et à la souris éternellement. A recommencer la traque intrépide éternellement, pour reprendre des mots jeanpretriens.
Avare en explications détaillés et en phrases verbales, Jean Pretre l'est un peu moins quand il s'agit de mettre en avant sa personne. Avide de reconnaissance, il répète en guise de signature, son pseudonyme ridicule en fin de critique, par pure vanité.
Pourtant, après avoir écrit n'importe quoi et après s'être fait débunker comme je viens de le faire, Jean Pretre devrait plutôt tout faire pour préserver son anonymat et cacher au plus vite sa dissertation.
Amitiés
Onon