Critique originale disponible sur Duotaku no Sora
Tu peux devenir un Super-Héros !
Dans un monde où plus de 80% de la population possède des supers pouvoirs appelés les "Alters", les super-héros font partie de la vie quotidienne. Midoriya Izuku rêve d'intégrer le lycée Yuei qui forme les super-héros de demain.
Néanmoins au contraire de ses camarades, Izuku ne possède pas le moindre pouvoir. Mais par un concours de circonstances, il va rencontrer son idole All Might, le Numéro 1 des Super-Héros ! Ce dernier va alors lui offrir une chance de réaliser son rêve.
C'est le début d'un long parcours semé d'embûches pour Izuku qui va chercher à devenir le plus grand des héros !
Le précurseur de la Nouvelle Génération
My Hero Academia, un titre qui faisait souffler un vent de nouveauté dès son arrivée dans le Weekly Shônen JUMP ! Publié de 2014 à 2024, il aura côtoyé pendant quelques mois la Sainte Trinité (ONE PIECE/ NARUTO/ BLEACH). En France, il aura fallu attendre 2016 pour que l'éditeur Ki-oon prenne en charge l'édition du manga. Et dès les premiers chapitres, j'ai trouvé qu'une certaine fraîcheur se dégageait du titre en raison d'un rythme bien plus rapide que les shônens de l'époque qui s'étiraient souvent sur plus de 50 tomes et contenaient donc beaucoup de longueurs. Mais si l'œuvre jusque là avait fait peu de bruit, c'est lors de la diffusion de son adaptation en anime que My Hero Academia deviendra très populaire. Un succès immédiat donnant lieu à de nombreux projets autour de l'œuvre : Films, séries spins-offs et j'en passe.
My Hero Academia se termine aujourd'hui avec son 430e chapitre, celui-ci venant conclure une épopée vieille d'une décennie. Une décennie qui aura vu pour le JUMP bon nombre de titres phares s'achever (dont NARUTO et BLEACH, ou encore The Promised Neverland pour ne citer qu'eux...). Une longue et riche épopée donc. Et si en France, il faudra attendre encore quelques mois afin de lire la fin en tome relié, le dernier chapitre sorti en temps réel sur la plateforme MANGA Plus aura confirmé l'empreinte laissée par le titre dans le Shônen JUMP.
Il est désormais temps de dresser un bilan de ce titre novateur. My Hero Academia était-il simplement un très bon manga ou juste un bon manga qui est arrivé à une période où les œuvres les plus populaires du JUMP arrivaient en bout de course ? C'est ce que nous allons tenter de voir avec cette critique !
De Zéro en Héros
My Hero Academia démarre de manière très classique, mettant en scène une société où 80% de la population possède des pouvoirs. On y suit Midoriya Izuku, un garçon faisant partie des 20% n'ayant aucun pouvoir mais qui va tout à coup rencontrer son idole, le super-héros All Might. Alors qu'un civil se fait attaquer par un Super-Villain, Izuku va agir de manière héroïque en se lançant à son secours, lui valant les compliments de son idole qui va alors décider de lui léguer un fragment de son super pouvoir, le One For All ! Grâce à cela, le jeune héros en herbe va pouvoir intégrer le lycée Yuei qui forme les futurs super-héros. Très vite commencent les premiers cours et les premières rencontres avec les différents camarades de classe avant de terminer l'introduction avec l'arrivée de l'antagoniste central de l'œuvre dès le tome 2.
Et c'est le point fort de l'œuvre, My Hero Academia va proposer une histoire frénétique composée de multiples arcs empruntant aussi bien aux codes du manga (arc d'entraînements, festival d'été...) que du comics (bataille générale, isolement du héros afin de protéger ses proches...) pour proposer une histoire prenante qui se lira de manière fluide et demeurera passionnante à suivre du début à la fin. Ainsi toute la première partie de l'œuvre réussit à faire monter la tension crescendo pour un final explosif avant d'enchaîner sur une deuxième partie où les apprentis héros pourront commencer à faire leurs preuves. La partie se conclura enfin par un arc majeur qui proposera de façon originale de suivre le point de vue des antagonistes cette fois-ci. Un regard intéressant qui permettra de nous montrer les diverses motivations qui composent les membres de ce groupe récemment formé, avant de reprendre l'histoire de nos héros là où on l'avait laissée. C'est à partir de là que démarrera la deuxième et dernière grande partie du manga qui enchaînera coup sur coup grandes batailles pour se conclure par l'arc final de l'œuvre. Un final très (trop) haletant qui se terminera par un épilogue venant nous faire un dernier tour d'horizon des nombreux personnages que l'on a suivi tout au long du manga. Cependant, si My Hero Academia propose une histoire assez rafraîchissante pour un shônen dans un univers tout bonnement passionnant, il demeurera malgré tout sur sa fin assez abrupte avec certaines intrigues laissées en filigrane qui malheureusement ne trouveront pas de réponses, seules quelques cases donneront le soin au lecteur d'imaginer le potentiel devenir des personnages. Le dernier chapitre bouclera la boucle malgré tout, avec un final dans l'ensemble satisfaisant mais qui nous laisse imaginer encore bien d'autres histoires possibles dans cet univers si vaste.
Ainsi My Hero Academia proposera une histoire très classique et pourtant cela ne se ressentira finalement que très peu grâce à ses multiples intrigues et son rythme effréné. Un point sur lequel il est bon de se pencher car si l'œuvre réussit à maintenir l'intérêt, on regrettera tout de même ce rythme dévorant. En effet dans la première partie de l'œuvre, il y aura beaucoup de moments très orientés slice of life avec les premiers cours, la découverte des différents professeurs, la fête de l'école et j'en passe. Toutefois dans la deuxième partie, ces moments qui faisaient partie intégrante de l'œuvre puisqu'ils permettaient de découvrir les diverses personnes de la classe d'Izuku, deviennent plus rares, si bien que les personnages passeront plus leur temps à s'embrigader dans des batailles de grande envergure qu'à simplement suivre les cours. Et c'est comme ça qu'on se rendra compte une fois la fin du manga arrivée que seulement une seule année scolaire s'est écoulée tout au long des 42 tomes. Et je trouve ça dommage que le manga s'arrête ici, une ellipse aurait été bienvenue au vu de toutes les batailles présentes dans l'œuvre coup sur coup. Certes c'est une pratique devenue monnaie courante dans les shônens (comme on a pu le voir dans ONE PIECE, FAIRY TAIL ou encore Toriko), mais cela aurait permis à My Hero Academia de laisser ses personnages souffler un peu. Car on le sent, le monde dans lequel vivent les protagonistes évolue très rapidement avec l'influence montante du groupe des Super-Vilains qui renverse l'ordre établi. Le lycée de Yuei doit donc s'adapter et n'a d'autre choix que de transformer ses nouveaux élèves en Super-Héros professionnels le plus rapidement possible. Mais de ce fait, on perd le côté relationnel du groupe de la classe et les moments d'accalmie où les élèves peuvent vivre leur vie de simple lycéen dans des arcs plus légers. Des arcs qui permettraient de les faire interagir ensemble de façon ordinaire mais aussi plus humaine, tout simplement.
Des apprentis Héros sur la brèche
Concernant les personnages, on peut donc les classer en plusieurs catégories :
À commencer par la classe 2-A dans laquelle on retrouvera notre personnage principal Midoriya Izuku (ou Deku de son nom de Super-Héros). Au début de l'histoire, Izuku ne possède aucun pouvoir. Cependant suite à sa rencontre avec le Super-Héros All Might, il deviendra capable d'utiliser le All For One, un pouvoir légué à travers différentes générations qui permet d'obtenir une force extraordinaire. Cependant le jeune homme aura bien du mal à le maîtriser à ses débuts puisqu'il ne cessera de blesser son corps à chaque utilisation, il devra donc redoubler d'entraînement afin d'apprendre à le contrôler. Izuku est un garçon assez banal en apparence mais qui se trouve être un vrai passionné de super-héros. Il ne cesse de prendre des notes afin de déterminer les points forts et points faibles de chacun. De plus, il aspire à devenir un grand héros comme son modèle All Might, autant dire que le chemin est semé d'embûches mais le lycéen restera déterminé en toutes circonstances.
De plus, Izuku connaîtra une belle évolution, conjointement à celle de son ami et rival Bakugô. En effet, Bakugô est un jeune homme impulsif au tempérament explosif qui ne cesse de rabaisser son entourage en raison de son pouvoir surpuissant. Capable de provoquer des explosions, le jeune garçon ne supporte ni la défaite, ni Izuku dont le tempérament complaisant l'insupporte. L'absence d'alter de son camarade sera une excuse de plus pour le ridiculiser. Alors que Bakugô ne semble être qu'un énième cliché d'antagoniste, il se trouve que son évolution sera des plus intéressante puisque Bakugô apprendra à s'assagir, mais surtout il finira par accepter ses propres faiblesses en plus de la nouvelle puissance d'Izuku qui deviendra finalement un ami précieux. Une belle leçon d'amitié entre ces deux rivaux dont le développement sera l'un des fil rouge de l'œuvre.
On retrouvera également Ochaco (Uravity), une jeune fille possédant un alter de gravité. Faisant preuve d'un tempérament joyeux en toutes circonstances, Ochaco s'efforcera toujours d'aider son prochain, en particulier Izuku avec qui le courant passe presque immédiatement. Si la romance pointe assez rapidement le bout de son nez entre les deux camarades, Ochaco s'efforcera d'être plus qu'un faire-valoir et nous offrira elle aussi de beaux moments de bravoure ! De plus, malgré son tempérament très souvent optimiste, la jeune fille saura aussi se montrer vulnérable dans certaines scènes poignantes. En résumé, un personnage adorable qui ne manque pas de courage ! On peut également citer Tenya (Ingenium), le délégué de la classe qui agit comme tel, à savoir être fidèle aux règles ! Mais sous ses airs de commandant, Tenya est un personnage qui se souciera réellement du bien-être de chaque élève et de leur sécurité et se révélera être un camarade sur qui l'on peut toujours compter.
Enfin n'oublions pas Shôto qui possède un alter lui conférant la possibilité de maîtriser à la fois le feu et la glace, et avec qui la vie n'a pas été tendre à cause de ça. Élevé de manière brutale par le second Super-Héros le plus puissant, le jeune homme rejettera tout ce qui le relie à son père, jusqu'à sa rencontre avec Izuku qui lui insufflera le courage pour oser renouer le dialogue avec lui. Dès cet instant, Shôto, jusque là assez distant, se remettra en question et deviendra beaucoup plus amical envers ses camarades, s'ouvrant petit à petit aux personnes qui l'entourent. En résumé, Shôto est un héros surpuissant qui dès son arc achevé gagnera bien plus de profondeur, en faisant incontestablement un des personnages phares de l'œuvre et le faisant culminer au sommet des tops de popularité grâce à son évolution progressive tout au long du manga avec la thématique de la famille qui sera le noyau de son développement personnel.
Et ça ne s'arrête pas là puisqu’on aura également Tsuyu (Froppy), une fille grenouille aussi sage qu'adorable, Fumikage (Tsukuyomi) utilisant son ombre pour attaquer, Momo (Creaty) une fille qui peut créer tout ce qu'elle souhaite à partir de son corps, Mina (Pinky) une fille aussi cool et pimpante que son design et bien d'autres ! Bref de nombreux personnages mais qui auront tous droit à leur moment de gloire. Ainsi la 2-A sera sans nul doute l'un des groupes les plus attachants que j'ai pu découvrir au cours de mes lectures. Leur camaraderie ne sonne pas factice, chaque personnage possèdera son identité propre et chacun saura briller le moment venu. La seule ombre au tableau sera finalement le personnage de Minoru (Grape Juice), un garçon enfantin et parfois mesquin dont l'alter de boules collantes n'est déjà pas des plus intéressant, mais surtout qui ne pensera qu'aux filles... Un personnage pas drôle voire insupportable et dont même l'auteur ne devait plus savoir quoi faire vu qu'il sera bien le seul mis de côté durant la bataille finale.
On citera également les Héros à commencer par All Might qui officiera en tant que professeur au lycée Yuei. Ce super-héros dont la catchphrase « La Cavalerie est là ! » résonnera de nombreuses fois est donc le Numéro 1 et contribue à protéger les civils du mieux qu'il le peut. Si le personnage en lui-même semble être un Superman bis, il agira comme un mentor pour Izuku, veillant sur lui de près et s'inquiétant sincèrement lors des nombreux coups durs qu'il traversera. Cependant lorsque le danger surviendra, il fera toujours tout afin de protéger aussi bien ses élèves que les civils ou les autres héros. Un super-héros hors du commun ! On trouvera également Mr. Aizawa (Eraser Head), professeur principal des 2-A, sévère aux premiers abords mais qui se souciera énormément du devenir et de la sécurité de ses élèves. Le Numéro 2 des Super-Héros, Endeavor, est comme dit précédemment le père de Shôto. Il cherchera sans cesse à dépasser All Might mais en vain. Cependant ce personnage prendra une place de plus en plus importante au fur et à mesure de l'avancée de l'œuvre. En effet, après avoir détruit sa famille, celui-ci cherchera à expier ses fautes aussi bien auprès d'elle que du peuple qui compte sur lui pour le protéger. Un père tyrannique qui se remettra sans cesse en question afin de tenter de se racheter mais dont l'intrigue finira malheureusement sans trop de réponses. On pourra aussi citer Mount Lady et Present Mic, eux aussi professeurs à Yuei, mais également les Wild Wild Pussycats, un groupe de héros déjanté qui sera présents au camp d'été de la 2-A et que l'on retrouvera régulièrement. Enfin comment ne pas citer Hawk qui fera un excellent mentor pour Fumikage et un bon partenaire pour Endeavor. De nombreux autres héros apparaîtront au fil de l'œuvre, avec certains qui deviendront parfois récurrents.
Enfin reste les Vilains, à commencer par Shigaraki Tomura qui aura pour principal but de vaincre All Might grâce à l'alter opposé au sien, le All For One, en faisant l'ennemi direct d'Izuku. S'il apparaît d'abord comme un gosse capricieux, celui-ci deviendra peu à peu le leader de l'Alliance des Vilains en parvenant à regrouper plusieurs personnes autour de lui. Un leader dangereux et bien développé, bien que la ficelle scénaristique reste facile. Néanmoins le contexte de son dur passé colle à l'univers et aux thématiques plus sérieuses que cherche à dépeindre l'œuvre. Un antagoniste assez insaisissable mais dont la menace planera tout au long du manga. Parmi ses coéquipiers, on trouvera Himiko, une jeune fille dérangée qui a déjà commis plusieurs meurtres et qui a sa façon bien à elle d'aimer quelqu'un. Spinner pour sa part est un homme lézard que la société a rejeté. Crématorium (Dabi) est un dangereux pyromane en quête de vengeance. Enfin Twice est un homme que la société a abandonné et qui a fini par perdre la tête à cause de son pouvoir de dédoublement. Et bien sûr difficile de ne pas citer les Brainless, sortes de créatures monstrueuses à la solde de l'Alliance de Villains qui s'attaquent à quiconque se met en travers de leur chemin. Un groupe de Super-Villains pour le moins original mais assez déstabilisant. Car si certains auront le droit à plusieurs flashbacks afin d'expliquer comment ils en sont venus à emprunter la voie du mal, pour d'autres cela sera moins évident puisque leur flashback expliquera juste à quel point ces personnages étaient déjà dérangés de base, ce qui a poussé la société à les mettre de côté. Enfin pour les Villains les plus mineurs, leurs motivations resteront tout simplement sous silence. Néanmoins le manga fera en sorte de ne pas les rendre manichéens, la plupart des Villains seront au final très gris, que ce soit de par leur idéal pas toujours juste ou par leur histoire qui nous montre qu'une décision aussi infime soit-elle peut venir bouleverser le destin d'une voire plusieurs personnes. Ainsi des Villains aux multiples facettes qui feront partie intégrante de l'œuvre et qui ne manqueront pas d'y apposer leur marque.
Et pour finir, on pourra citer les civils qui eux aussi apparaîtront régulièrement, particulièrement dans la dernière partie. Que ce soit la colère du peuple envers les Super-Héros, leur peur d'être tué par un Super-Villain, ou encore le soutien inconditionnel dont ils pourront faire preuve, les civils auront eux aussi toute leur importance au sein de My Hero Academia. Et je citerai particulièrement la mère d’Izuku, une femme aimant profondément son fils. Si habituellement dans les shônens, les parents soit ne sont pas là, soit envoient leur enfant en voyage sans s'inquiéter de rien (coucou la mère de Sacha !), dans My Hero Academia ça sera tout l'inverse. La mère d'Izuku culpabilisera énormément au début de l'œuvre de ne pas avoir pu transmettre d'alter à son fils. Mais lorsque celui-ci partira à Yuei, elle sera d'abord heureuse avant d'être finalement terrifiée face aux dangers et aux blessures auxquelles s'expose son fils, et refusera un temps qu'il devienne un super-héros en s'opposant aux professeurs. Une mère courageuse et très présente avec un bon développement qui nous prouvera jusqu'au bout à quel point elle tient à son enfant.
Enfin de nombreux personnages secondaires apparaîtront au fil du manga comme la classe 2-B, elle aussi dans la filière héroïque et qui comptera bon nombre d'énergumènes en tous genre et de protagonistes intéressants. Mais aussi Gentle, le Gentleman Criminel et son assistante Love Lover qui diffuseront les vidéos de leurs crimes sur le net. Ou encore Mei, étudiante de Yuei appartenant à la filière Assistance qui aura une imagination sans failles pour créer toutes sortes de gadgets et d'équipements pour les apprentis héros ! Et beaucoup d'autres...
Vous l'aurez compris, mais le titre possède énormément de personnages ! Et là où on pourrait s'attendre à ce que la plupart ne servent qu'une fois avant d'être mis de côté, My Hero Academia fera tout l'inverse. En effet, les personnages sont justement un des aspects prépondérant de l'œuvre. La plupart des protagonistes et/ ou antagonistes se verront ainsi réapparaître à plusieurs reprises au fil du manga, même lors de l'arc final. Chaque personnage en devient au final assez unique, donnant ainsi un ensemble de protagonistes profondément mémorables et qui sauront tous évoluer de manière individuelle !
Quand manga et comics ne font qu'un
Au niveau du dessin, Horikoshi s'en sortira remarquablement bien puisque son style n’évoluera que très peu entre le premier et le dernier volume. Si quelques chara-designs changeront comme celui de Shôto qui entre le premier volume et le cinquième volume où il est mis en scène n'a plus rien à voir, l'auteur proposera des planches travaillées et d'un niveau consistant tout du long.
Mais en plus de sa haute maîtrise technique, Horikoshi possède aussi un style remarquable entre tous, entre shônen manga pour enfant et comics sombre. Le chara-design des personnages est un bon exemple de cette mixité. Si l'on retrouve le style rondouillard et enfantin des mangas japonais avec un soin particulier apporté à l'esthétisme des personnages, les différents attributs détaillés ou très exagérés de chacun tels les tâches de rousseur d'Izuku, les grands yeux ronds d'Ochaco ou le sourire Colgate d'All Might rappelleront quant à eux les cartoons américains. Les nombreux personnages anthropomorphes également se rapprocheront bien plus de l'imaginaire occidental que du bestiaire yôkai ou heroic fantasy que l'on trouve généralement dans les œuvres japonaises. Ainsi même les chara designs les plus classiques demeurent réellement originaux, et l'auteur ne s'empêche pas non plus des designs plus extravertis avec des personnages inspirés d'animaux donc mais aussi de divers matières organiques ou tout simplement d'objets du quotidien.
Mais la principale influence d'Horikoshi sera avant tout les comics et il ne s'en cachera pas au vu des nombreuses illustrations couleur prenant la forme de couvertures de comics, ou tout simplement de la première page du manga qui semble tout droit sortie de l'un d'eux. Certains arcs également s'imprégneront de l'ambiance des plus grands Batman, tandis que la plupart des batailles de My Hero Academia seront assez dantesques, incluant de multiples héros avec tous types de pouvoirs. Les séquences d'action et d'émotion seront d'ailleurs très exacerbées, parfois proche du sensationnalisme américain avec l'utilisation de trames importantes et de traits extrêmement vifs pour accentuer les moments intenses. Néanmoins le dessin sera toujours clair et maîtrisé, avec notamment un découpage des cases très carré, l'auteur offrant de nombreux gros plans et double page impactantes.
Ainsi la patte graphique du manga peut paraître incongrue mais au final elle collera parfaitement à son œuvre qui parvient avec brio à mélanger deux genres que l'on pensait opposés, reprenant l'aspect nekketsu et bon enfant des shônen mais aussi le côté sombre et réaliste encré dans la vie réelle des comics. De plus l'auteur fourmille d'idées qui trouvent toutes leur place dans son univers sans le dénaturer, notamment grâce aux Alters (Kosei/ Quirk) en tous genres qui vont généralement plus loin que la simple boule de feu ou les rayons lasers. Les alters de chaque personnage fonctionnent comme un élément à part entière de leur corps et sont donc régis par les lois de la physique. Les alters sont donc loin d'être des dons surpuissants et sans limite et les personnages doivent souvent élaborer des stratégies pour pouvoir s'en servir le plus efficacement possible. Cet aspect réaliste se retrouvera également dans tout le système de Super-Héros/ Super-Villains qui ici correspondrait à des forces de l'ordre avec une hiérarchie, une législation et des diplômes, sans compter l'aspect dommages collatéraux où il faut faire attention à ne pas impliquer des civils lors des batailles entre héros et vilains en plein centre-ville par exemple.
Concernant l'œuvre en elle-même, comme dit plus haut, on a un rythme bien équilibré entre moments pur shônen et moments d'accalmie voire school life permettant de développer une bonne partie des protagonistes dans la première moitié du manga. Cependant cet équilibre tend à disparaître dans la seconde partie du manga qui penche beaucoup plus du côté action et combats avec de plus en plus de dangers et d'enjeux.
My Hero Academia traite aussi de nombreuses thématiques qu'il cherchera à développer petit à petit à mesure que le manga avance. Ainsi si l'on retrouvera les thématiques propres au JUMP comme l'amitié ou les efforts et le dépassement de soi incarnés aussi bien par Izuku que Bakugô, d'autres thématiques plus profondes apparaîtront en filigrane dont la famille avec les personnages d'Endeavor et de Shôto qui essaieront de renouer le dialogue et choisiront de pardonner ou non les erreurs passées. Mais la thématique centrale du manga sera surtout l'origine du Mal, le fameux "Est-ce qu'on naît Vilain ou est-ce qu'on le devient ?". Cette thématique sera traitée via les divers antagonistes de la saga (qui ont aussi bien des motivations morales que totalement immorales comme expliqué plus haut) mais aussi via la représentation des héros et l'incarnation qu'ils représentent pour le peuple impuissant. De nombreuses thématiques loin d'être traitées de façon manichéennes puisque l'auteur cherchera toujours à aborder les divers points de vue de chaque faction, de manière parfois assez crue et violente, donnant au final un ton très gris à l'œuvre qui s'efforcera toujours de peser le pour et le contre afin que le lecteur puisse se forger sa propre opinion.
Les Super-Héros du JUMP
Ainsi My Hero Academia est un titre qui pour moi a déclenché le renouvellement du JUMP ! Fraîchement paru dans le magazine peu avant la fin de NARUTO (et celle de BLEACH qui arrivera 2 ans plus tard), My Hero Academia est un titre qui se démarquait des autres shônens de l'époque avec sa thématique des super-héros encore rarement vue dans le genre, tout comme sa patte artistique hyper rafraîchissante inspirée des comics. L'auteur aura également réussi à se démarquer des codes propres aux personnages de shônen pour développer les sien un à un et en faire un groupe hyper intéressant à suivre. Si je regrette qu'à partir de la seconde moitié de l'histoire on perde les moments d'accalmie, on a néanmoins affaire à de superbes combats et un épilogue qui malheureusement aurait mérité quelques chapitres de plus pour conclure proprement toutes ses intrigues mais qui reste dans l'ensemble convaincant.
My Hero Academia est donc aujourd'hui un titre phare du Weekly Shônen JUMP. Outre son univers facilement déclinable, on y retrouve toutes les composantes du magazine : Dépassement de soi, Amitié et Combat associés à une mise en scène librement inspirée de celle des comics. Cela en fait un titre à part et qui se conclut au sommet de son art ! Un shônen culte que je n'oublierai pas et que je relirai toujours avec plaisir !