J'ai eu de magnifiques émotions à la lecture de cette BD. Les histoires racontées sont plus poignantes les unes que les autres, on peut difficilement rester de marbre devant les portraits de ces jeunes femmes si courageuses. Par ailleurs les qualités graphiques de Nées Rebelles sont incontestables. A chaque histoire son dessinateur, on change de continent comme on change de pinceau et cette BD se dévore tout naturellement. Le dessin est efficace, les combats de ces jeunes femmes sont inspirants, alors qu'est ce qui cloche ?
Une seule chose : le ton globalement mièvre de cette BD , ses happy ending un peu trop beau, on y croit pas. On voit bien que le combat de ces héroïnes, aussi louable et noble soient-ils, n'aboutissent pas. Greta est certes une jeune femme aussi brillante qu'engagée mais la catastrophe climatique continue et sa voix n'y change tristement rien. Le discours d'Emma Gonzalez est extrêmement émouvant pourtant les armes circulent encore aux États-Unis d’Amérique. Ces figures autour desquelles se cristallisent les luttes ne sont-elles pas, au final, vaines ? Ne deviennent-elle pas malgré-elles des produits marketing qu'il est de bon ton de convier à tel ou tel sommet international ? Des personnalités qui, par leur présence, offrent un air de sainteté aux politiciens qui s'empressent de les inviter ? (exception faite à Malala que l'on voit tenir tête à Barack Obama).
Par ailleurs, on n'aborde jamais le statut social de ces jeunes femmes, pourtant clairement identifiable. Elles sont toutes issues de milieu globalement favorisé. Les voix qui s'élèvent pour crier la misère du monde ne sortent pas du néant, elles sont déterminées, triées, et relayées par les institutions politiques et médiatiques. Ce qui devrait non pas nous amener à les rejeter systématiquement mais nous encourager à questionner leur légitimité et leur pertinence.
Une très belle BD malgré tout que je recommande !