Voilà 10 ans que le film est sorti et il est, dans la communauté jazz, toujours aussi détesté pour ce qu'il n'est pas : un documentaire sur le Jazz. Combien de fois aurais-je entendu des musiciens conchier ce film qui à leurs yeux ne représente rien et ne dis rien de leur musique. Ce en quoi ils n'ont en pas totalement tord : Wiplash ne dis pas grand chose de la musique et encore moins du Jazz.
Je crois que ce que les jazzmen n'acceptent pas c'est la mal-représentation dont souffre continuellement leur art. De fait, le grand public connait mal cette musique qui passe ainsi pour ce qu'elle n'est pas : profondément intello, ostensiblement bourgeois, outrageusement élitiste. Le Jazz est régulièrement perçu par le prisme de ses pires clichés et voilà que Chazelle vient en rajouter une couche : dorénavant va-t-il falloir laisser penser que le jazz s'apprend en saignant dans des environnements psychologiquement violents ? On peut comprendre l'indignation. Ceci dit un réalisateur n'est pas toujours responsable de la compréhension de son œuvre et ce que les Jazzmen prennent en grippe est un homme de paille. Que l'on soit clair, le jeune Andrew aurait pu être n'importe quoi à part batteur, s'il avait été aspirant nageur olympique le fond du film n'aurait pas changer ! Wiplash parle donc de rapport de domination, de manipulation, de sacrifice et de surpassement de soi, le jazz n'est alors qu'un prétexte à parler d'autre chose.
On peut alors questionner le choix du jazz comme support. Est-ce que l’abnégation et la recherche du succès et de la reconnaissance ont-il une place dans la musique et l'art en général ? Je ne dis pas que ces phénomènes n'existent pas, je dirais même plutôt le contraire et que l'art en souffre déjà suffisamment et que c'est sans doute à ce titre que ce film est contestable. Tant de vanités... quel exemple pour la jeunesse !
Entre nous, j'en veux quelque peu à Chazelle d'avoir "défiguré" le titre Wiplash (composition de Hank Lévy) de l'album Soaring de Don Ellis. Alors que Wiplash est à l'origine électrique et déjanté l'arrangeur Justin Hurwitz l'a rendu, pour les besoins du film, acoustique et sage (prononcé chiant). Je vous recommande donc la version originale mais je préviens : Don Ellis nous montre ses aigus avec la trompette !