Ce tome fait suite à New Mutants Classic 5 (New Mutants 35 à 40, New Mutants Special Edition et Uncanny X-Men Annual 9). Le présent tome contient New Mutants 41 à 47, New Mutants annual 2 et X-Men annual 10, parus en 1986/1987. Tous les scénarios sont de Chris Claremont.
New Mutants 41 (mise en page de Jackson Guice, finitions de Terry Austin) - Danielle Moonstar (Mirage) rentre passer quelques jours chez ses parents. Ces derniers sont sortis pour effectuer des préparatifs conservatoires, en vue de l'arrivée imminente d'une tempête de neige. Moonstar fait des emplettes dans le centre commercial du coin et se fait harceler par Pat, un ancien copain devenu raciste envers les indiens.
New Mutants 42 (mise en page de Jackson Guice, finitions de Kyle Baker) -Samuel Guthrie rentre passer quelques jours chez ses parents (sa mère en fait, car son père est décédé). Ce retour provoque un vif malaise chez son frère. En outre Sam a prévu de présenter Lila Cheney (une chanteuse de rock capable de se téléporter sur des distances stellaires) à sa mère.
New Mutants 43 (dessins de Steve Purcell, encrage de Whilce Portaccio) - Les New Mutants sont de retour à l'école de Westechester et découvrent ce qui est arrivé à Tom Corsi et Sharon Friedlander. Ils décident de les venger.
New Mutants 44 (dessins de Jackson Guice, encrage de Kyle Baker) -Sur l'île de Muir, David Haller est victime d'une rechute. Les New Mutants interviennent.
New Mutants annual 2 (illustrations d'Alan Davis) - Bettsy Braddock est arrivée à l'école de Westchester et Mojo enrôle de force les New Mutants dans les Wildways. Il ne reste plus que Douglas Ramsey et Warlock pour les délivrer.
X-Men annual 10 (dessins d'Art Adams, encrage de Terry Austin) - Longshot arrive à l'école de Westchester et Mojo enrôle de force les X-Men en les ramenant à l'état d'enfants. Il ne reste plus que les New Mutants pour les délivrer.
New Mutants 45 (dessins de Jackson Guice, encrage de Kyle Baker) -Les New Mutants sont invités à une soirée organisées dans un autre lycée. Kitty Pride y fait la connaissance de Larry Bodine, un adolescent agréable, mais mal dans sa peau.
New Mutants 46 (dessins de Jackson Guice, encrage de Kyle Baker) -Les X-Men sont de retour à l'école de Westchester et ils ramènent de nombreux blessés : des Morlocks victimes des Marauders au cours du Mutant Massacre.
New Mutants 47 (dessins de Jackson Guice, encrage de Kyle Baker) -Magus (le papa de Warlock) a fini par arriver sur terre pour tuer sa progéniture.
La lecture de ce tome permet de goûter à l'essence de Chris Claremont. Toutes les spécificités narratives énervantes ou fatigantes sont présentes : phylactères très copieux, bulles de pensée omniprésente. Le premier épisode peut à ce titre constituer une épreuve insurmontable avec les nombreux rappels de qui est Danielle Moonstar, quels sont ses pouvoirs, et son tiraillement entre sa nature de mutant, son origine cheyenne et son pouvoir de valkyrie (elle voit la personnification de la Mort planer au dessus de ceux qui vont bientôt mourir). Mais cette approche un peu pataude de l'introspection finit par aboutir à une personnification efficace de Danielle, à une mise en évidence de ses difficultés d'individu tiraillé entre ses différentes composantes, à la prise de conscience douloureuse de l'inéluctabilité de la mort et de l'importance du moment présent.
Dans ce registre, Claremont réussit une histoire exceptionnelle avec l'épisode 45 et la tragédie de Larry Bodine. Non seulement il propose une approche renouvelée du rejet de l'autre (le thème fondamental des mutants), mais en plus il sait recréer les incertitudes spécifiques de l'adolescence et les mécanismes ordinaires d'ostracisation. Seules 2 pages mettent en avant les superpouvoirs des mutants lors d'une séance d'entraînement en Danger Room. Les superhéros n'ont jamais été autant des individus, des êtres humains complexes.
À l'autre extrémité du talent de Claremont, il y a les 2 numéros annuels qui débordent d'inventivité pour une aventure délirante qui elle aussi véhicule des réflexions sur les médias et la conception de la responsabilité par les adolescents. Claremont manie les superpouvoirs et les personnages les plus délirants possibles avec cette classe dirigeante dépourvue de colonne vertébrale, car seuls les esclaves en ont besoin. Il n'oublie pas ses personnages, en particulier en mettant en avant celui qui n'a aucun pouvoir offensif : Doug Ramsey (Cypher). En outre ces 2 épisodes bénéficient des dessins tout en rondeurs d'Alan Davis pour le premier et de la minutie juvénile d'Art Adams pour le second. Même pour un lecteur blasé comme moi, les X-Babies sont mignons tout plein et craquants.
Le travail de Steve Purcell pour l'épisode 43 n'est pas très joli, ni très détaillé, mais suffisant pour raconter l'histoire. Pour le reste l'alliance entre les dessins de Jackson Guice (encore débutant à l'époque) et l'encrage léger et sophistiqué de Kyle Baker aboutit à des illustrations parfois légères en décors, et très nuancées en termes d'expression des visages. Alors que Guice a du mal à dessiner des postures crédibles quand il s'encre lui-même (voir les premiers épisodes de X-Factor), Kyle Baker assouplit les raideurs, rend plausibles les tenues vestimentaires et les décors naturels ou urbains. Baker débute également et il n'a pas encore choisi de caricaturer les visages. Chaque personnage gagne en humanité et en présence ordinaire. Les New Mutants sont de vrais individus dont le comportement se rapproche de vrais adolescents. Cette orientation graphique n'empêche par Guice et Baker d'insérer des visuels marquants lors des combats ou des utilisations de superpouvoirs : l'énergie émise lorsque que Cannonball vole, les formes inventives et drôles que prend Warlock, Brightwind (le cheval ailé de Mirage) en plein vol, l'épée particulière de Magik, etc.
J'ai pris un très grand plaisir à relire ces épisodes qui portent la marque de la narration de leur époque, mais aussi la marque d'un auteur qui mène cette équipe de second ordre comme il l'entend. Il s'affranchit du cahier des charges de superhéros habituels en racontant des histoires humaines, ou au contraire il embrasse tous les éléments les plus loufoques des héros en collants avec le slip par dessus pour inventer des évasions imaginaires rocambolesques. À chaque épisode, l'humain prime sur le reste avec des nuances inattendues, un humanisme affirmé et une ouverture à l'autre et à la différence.