Ekhö est une série relativement née de la collaboration de Christophe Arleston et d’Alessandro Barbucci. Le premier, scénariste, est le premier auteur dont j’ai été fan. Lanfeust de Troy était vraiment une révélation vécue durant mon adolescence. J’ai également beaucoup aimé des séries comme Le chant d’Excalibur, Léo Loden ou Les Maîtres cartographes. Hélas, sa production très dense a débouché sur une grande baisse de qualité à mes yeux. Cela fait que je m’étais éloigné de ses ouvrages. C’est une critique élogieuse lue dans un magazine qui m’a incité à m’offrir New York, premier opus de cette nouvelle saga. J’espérais que cette nouvelle chance me réconcilierait avec l’écrivain de mes tendres années…
La quatrième de couverture s’avère très pédagogique : « Ekhö est un monde miroir de la Terre. On y retrouve nos villes, nos pays, mais légèrement différents : l’électricité n’existe pas, les dragons remplacent les avions de ligne, les wagons du métro sont sur le dos d’étranges mille-pattes… Mais les plus étonnants sont les Preshauns qui, sous leurs airs de peluches formalistes, semblent tenir les rênes de ce monde… Une étudiante, Fourmille, et Yuri, son voisin de siège dans le 747 qui les amène à New York se trouvent prospulsés sur Ekhö et doivent apprendre à y trouver leur place. Ce qui se complique lorsque Fourmille se retrouve habitée par l’esprit d’une vieille tante morte… »
L’auteur nous annonce « une aventure fantastique, drôle et décalée, qui nous entraîne dans un étrange reflet de notre société ». Le programme est ambitieux mais je ne demandais qu’à partager ce point de vue une fois l’album refermé. Le principe de ces réalités parallèles est souvent usité dans la littérature, la bande dessinée ou le cinéma. Son attrait humoristique réside souvent dans la réinterprétation des codes et des habitudes de notre société dans un contexte légèrement différent. Il s’agit d’un des fondements scénaristiques de Ekhö. Arleston a souvent su jouer avec ce type de détournements dans ses séries précédentes. Il y arrive également ici. J’ai vraiment pris beaucoup de plaisir à naviguer dans ce New York au croisement du Moyen-Age et du vingt et unième siècle. L’auteur arrive à rendre crédible et drôle beaucoup de détails par des textes et des anecdotes bien choisis. Le travail graphique de Barbucci met bien l’ensemble en valeur et fait en sorte qu’une vraie bonne humeur se dégage de la lecture.
L’intrigue en elle-même est classique. Des personnages se trouvent projeter dans un monde inconnu dont ils maitrisent très partiellement les us et coutumes. Leur présence n’étant pas aléatoire, ils doivent donc s’adapter à une société nouvelle tout en menant à bien une mission dont ils connaissent bien peu de choses. L’évolution de la trame est assez linéaire. Elle n’est pas particulièrement dense mais est se déroule de manière régulière et solide. L’histoire ne souffre d’aucun temps mort et le dénouement n’est pas particulièrement abracadabrant. Aucune planche n’est inutile ou bâclée. Bref, Ekhö offre une lecture intéressante dont on n’attend la fin avec une réelle curiosité.
La belle réussite de ce tome est la qualité de ces personnages. Graphiquement tout d’abord, ils sont très réussis. Chaque nouveau protagoniste ne nous laisse pas indifférent grâce son apparence créée par le trait de Barbucci. Il possède un style assez réussi qui ravira tous les publics. Ensuite, l’histoire laisse une grande part à ses héros. Que ce soit Fourmille ou Yuri, ils sont très attachants et drôles. Leur binôme fonctionne bien. Ils sont très différents, ne s’apprécient pas mais sont indispensables à l’autre pour s’en sortir. La recette n’est pas originale mais elle est bien exécutée.
En conclusion, Ekhö m’a réconcilié avec le travail d’Arleston. Je n’ai plus besoin de me plonger dans ses vieux albums pour retrouver sa capacité à écrire des histoires dynamiques, drôle et prenantes. Je suis donc curieux de savoir comment évoluera cette série. Restera-t-on dans ce monde miroir ou voyagera-t-on ailleurs ? Les personnages principaux resteront-ils les mêmes ou non ? Pour cela il faut attendre la suite. Mais cela est une autre histoire…