Afin de parler du titre, il faut parler du contexte de l'époque. 1997 était une année où il y avait encore très peu de mangas qui sortaient chaque mois, une dizaine à tout casser. Rien de comparable avec les 160 sorties mensuelles de 2018...
C'est aussi une période où, quand on aimait le manga, on achetait tout ce qui sortait, parce qu'une part, les sorties ne se bousculaient pas au portillon, et puis, il nous fallait notre dose de mangas. Là aussi, c'est différent avec aujourd'hui, où il est sans doute impossible qu'une seule personne achète toutes les sorties mensuelles.


Tout ça pour parler de cet Ovni sorti par Glénat, Noritaka. Titre absolument inconnu, aucune adaptation animée, les auteurs étaient également obscurs, bref on se demandait pourquoi ça sortait chez nous.
Je me souviens encore de ce moment où j'ai acheté ce volume 1, que j'achetais parce que c'était ud manga, et là, la surprise fut grande ; mais c'était en fait très bien !


Noritaka Sawamura est un ado de 15 ans qui arrive dans un nouveau lycée, et c'est aussi un redémarrage ; il avait quitté sa précédente école parce que, crâne rasé, il faisait penser à un caca, et donc tout le monde l'appelait comme tel ! Il entre dans cette nouvelle école, avec une coupe au bol, et est très vite par une jeune fille, Miki Nakayama, qui est assise à côté de lui en classe. A vouloir la séduire, non seulement, ça ne marche pas, mais en plus elle lui dit qu'elle déteste les faibles ; forcément, avec ses 50 kilos tout mouillés, son aspect chétif ne pèsent pas lourd, si j'ose dire.
A ce moment-là, dans le seul but que Nakayama tombe amoureuse de lui, il se se mettre en tête de devenir fort, et va entrer dans le club le plus miteux du lycée ; une école de boxe thaï, entrainée par un professeur aux méthodes très particulières.


Le titre se situe clairement dans le genre shônen, où Sawamura va devoir apprendre à se battre, à se défendre, mais aussi à devenir de plus en plus fort face à des adversaires qui sont également très puissants et qui sont au départ plus surpris de l'aspect chétif de ce garçon plutôt qu'impressionnés.
Mais c'est surtout très drôle, en particulier les techniques apprises par Sawamura qui, si elles se révèlent saugrenues, vont lui permettre d'apprendre plein de trucs pour se battre, aussi bien en boxe thaï que dans le combat libre.
Je pense que c'est surtout ça qui a marqué les lecteurs, ce côté absurde dans les entrainements où on se demande à quoi ça peut servir, notamment de chanter dans un karaoké, ou donner des croquettes à un chat. Pour parler du genre shonen, la progression est assez classique, l'adversaire de plus en plus fort, et Namayama qui commence peu à peu à être séduite par Sawamura qui, sans y toucher, a une résistance à toute épreuve et surpasse largement ses peurs pour les yeux de la belle.


La série est composée de 18 volumes, et j'avoue que durant ses deux premiers tiers, c'est excellents ; le côté froussard de Sawamura, ses entrainements pittoresques, et ensuite, ses divers combats qui lui font grimper le sommet. Alors que sa chance, c'est qu'il est sous-estimé par tout le monde.


Mais le gros problème de la série se situe clairement dans son dernier tiers, où on sent clairement que les auteurs, Hideo Murata et Takashi Hamori, ne savent plus quoi faire avec le personnage, et les situations, jusqu'à négliger clairement le dessin, et, comble de tout, de clairement saboter les deux derniers combats de la série, où d'ailleurs, ça s'arrête net ! Ça sent clairement l'envie de conclure d'un seul coup, ou une baisse de la popularité de la série, mais ça devient beaucoup moins bien.
C'est franchement dommage de terminer une série comme ça, où une grande partie est tout de même de qualité, grâce au dessin de Takashi Hamori, qui aime beaucoup ridiculiser son personnage principal (jusqu'à lui faire sortir fréquemment un testicule de son short de boxe !), afin de faire sortir de lui l'exceptionnel, ce courage qui lui permettra de tenir tête à plus d'un adversaire beaucoup plus imposant que lui.
Il faut aussi souligner l'adaptation française qui est de mauvaise qualité, car le titre repose beaucoup sur la pop-culture japonaise de la fin des années 1980-début 1990, et comme il n'y a aucune explication sur qui est tel ou telle personne, les blagues tombent parfois à plat.
Aujourd'hui, si Noritaka serait édité, il bénéficierait d'un lexique explicatif. Ainsi que d'un sens de lecture japonais, car rappelons que beaucoup de mangas cette époque se lisaient encore de gauche à droite.


Plus de vingt ans après, je garde toujours un très bon souvenir de ce manga, que je trouve toujours aussi drôle et aussi saugrenu. Et il faut dire que Takashi Hamori est très fort pour dessiner des tronches pas possibles à ses personnages lorsqu'ils subissent des coups, Noritaka en particulier.
Pour l'anecdote, j'avais demande à Glénat si une réédition du titre, adaptée, serait envisagée, et l'éditeur m'avait dit y réfléchir. De l'eau étant passée sous les ponts, je suppose que le ce projet est mort, mais ça n'empêche, malgré ses griefs, que Noritaka reste un bon shonen, à condition de ne pas dépasser son douzième volume...

Boubakar
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le 8 mai 2018

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