Soyons sérieux deux minutes.
One Piece n'est pas seulement un shonen rigolo. C'est aussi l'une des bandes dessinées les plus inventives, les plus ambitieuses et les plus originales que j'ai lu.
Pour cela, il est nécessaire de gratter la première couche. Ne pas s'arrêter à l'introduction (qui dure tout de même une dizaine de tomes. Mais vous pouvez prendre le train en route et commencer au tome 11), même si c'est celle-ci qui m'a rendu fan. Ne pas s'arrêter à l'ambiance générale, terriblement optimiste, mais qui peut aussi paraitre horriblement niaise (le pouvoir de l'amitié, tout ça).
Eiichiro Oda, mine de rien, entre deux bastons épiques et trois grimaces, brasse toute la culture mondiale, pour la digérer et l'intégrer au propre univers de One Piece. Et s'il y arrive aussi bien, c'est grâce à un concept très simple : un monde constitué d'iles (comme le Japon est un pays d'iles), toutes différentes, évoluant en parallèle, mais indépendamment. On rencontre donc des indiens d'Amérique, des vikings, une ile influencée par Venise, une autre restée à l'Ere Préhistorique, des amazones, des sirènes, un hommage aux films d'horreur, un train flottant, etc... Et si on évolue en terrain connu, Oda nous étonne toujours en allant plus loin, en développant à chaque fois un mode de vie et un background crédible et loufoque.
Avec cette idée initiale (ou beaucoup d'autres auteurs se seraient arrêtés), Oda pose un certain nombre d'intrigues. Si certaines sont simples, d'autres mettent en jeu un pays, ou remettent même en question la légitimité du pouvoir en place, même si celui-ci est loin d'être despotique. De plus, Oda se paye le luxe de ne jamais oublier un personnage et souvent, des ennemis battus ou d'anciennes amitiés reviennent de façon incongrues, pour le plus grand bonheur du vieux lecteur.
Après, One Piece n'est pas une oeuvre profonde. Il n'y a pas plusieurs niveaux de lectures et si l'auteur évite le manichéisme, c'est toujours un " méchant " qui tire les ficelles dans l'ombre. Pourtant, on se laisse entrainer par l'optimisme général (et dans le cas de Luffy, absolu) et un tome contient plus d'idées en 200 pages que la plupart des bandes dessinées en plusieurs tomes. Je pense même que l'une des forces de One Piece est l'absence total de cynisme, une attitude devenue extrêmement courante dans les oeuvres actuelles.
Et puis... Et puis merde, c'est le meilleur récit d'aventure que vous aurez aujourd'hui, tout média confondu. Et c'est pas rien.