À Alexandria, c’est jour de fête. La foire doit bientôt ouvrir, au cours de laquelle les communautés désormais en paix doivent célébrer ce retour à un modèle civilisationnel connu, enfin préservé de la menace de zombies. Une façon pour les survivants de se rappeler d’où ils viennent, mais sans doute aussi d’oublier, de passer outre les désastres antérieurs, celui des zombies et celui des tyrans.
Et c’est bien là le cœur de ce nouveau volume, le questionnement qui sous-tend, encore une fois de manière fine et intelligente, l’ensemble de l’intrigue qui prend forme, et corps, littéralement, sous nos yeux. Les hommes peuvent-ils reconstruire le monde tel qu’ils l’ont connu, repoussant simplement la menace, et le passé immédiat, le drame, derrière une frontière arbitraire, tout autant physique que mentale ? Ou bien doivent-ils vivre avec ce qui s’est produit, au sens propre comme au sens figuré : avec les morts à qui l’on n’a pu dire adieu, comme Michonne, mais aussi avec les morts-vivants, comme le proposent les Chuchoteurs.
C’est donc le deuil qui fait irruption, à l’échelle individuelle et à l’échelle collective, métaphorisé par le nouveau groupe d’antagonistes, et avec lui la construction d’une identité, collective et individuelle, encore une fois, fondée sur la question de la mémoire et de l’oubli. Dans cette dialectique superbement mise en scène par le récit de Robert Kirkman, les figures d’Alpha d’une part, de Negan d’autre part, antagonistes du présent et du passé, renvoient en creux à Rick, notre héros, le reflet d’une humanité à construire autant qu’à retrouver.
Chronique plus détaillée et plusieurs planches sur actuaBD.com:
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