Quatrième et dernière collaboration de Salvérius, le dessinateur tire sa révérence sur un album en demi-teinte. Cauvin semble s’être un peu emmêlé les pinceaux en écrivant le scénario de cette nouvelle aventure des Tuniques Bleues, qui rassemble pêle-mêle des Indiens et des Mexicains, en plus des habituels Yankees et Confédérés (sans oublier une poignée de civils). Autant dire que cela fait du monde, beaucoup de monde... trop de monde !
Côté bons points, Cauvin a fait l’effort d’imaginer une intrigue hors de l’armée, dans laquelle Blutch et Chesterfield opèrent pour la première fois uniquement en tandem, il n’y a plus quatre héros comme avant. On apprécie aussi des personnages plus originaux que la moyenne, comme l’éclaireur indien Petit-Nuage. Malgré toutes ces bonnes idées (il y en avait peut-être trop pour une seule aventure), le tout semble confus, désordonné, et les événements sont compressés en quelques vignettes. Une déception.
Le dessin de Salvérius est toujours aussi précis, mais sans grande innovation cette fois-ci : les visages s’arrondissent encore, notamment la bouille de Chesterfield, qui prête de plus en plus à rire (et c’est le but !). Même si la mise en scène est assez plate, sa patte réussit quand même à rendre tous les personnages attachants. Suite à la mort de Salvérius, Lambil boucle l’album sans opérer de révolution dans le dessin.
La première époque des Tuniques Bleues, l’ère Salvérius, se termine donc sur une aventure un peu décevante, drôle mais sans plus. On doit espérer que l’album suivant, cette fois entièrement dessiné par Lambil, remettra Blutch et Chesterfield sur les rails !