Les vraies Chroniques de Jérusalem.
Je précise que je mets ici ma critique pour le tome 2 ("Palestine, dans la bande de Gaza") paru en 1998 aux éditions Vertige Graphique. Je n'ai pas lu le tome 1.
C'est un carnet graphique relatant une semaine passée à Gaza, et dans les camps de réfugiés de Nouseirat et Jabalya. Sacco fait dès le début part de son inconfort à passer comme un touriste visitant un zoo ou un parc d'attraction de la misère. Il insiste aussi sur la répétition de ce qu'il entend. Les maisons composées d'une pièce unique avec un canapé, une table où l'on sert le café, les toilettes archaïques, la tôle ondulée sans isolation, les pluies fréquentes, les rats, la misère de gamins qui ne peuvent même pas jouer au foot.
Il y a aussi une virée à Jérusalem, occasion de parler avec des Israéliens et Israéliennes ("je ne veux que la paix"). Personne n'est idéalisé, à commencer par Sacco lui-même. On retrouve son goût des illustrations de pleine page qui synthétisent ses impressions d'un lieu, avec un goût pour le détail qui peut rappeler certains tableaux de Van Eyck.
Une très bonne bande dessinée, plutôt pro-palestinienne, hein, mais où l'auteur ne cache pas l'ambiguïté de sa position, ses impressions, sans idéaliser ni les Palestiniens ni les Israéliens. Bref, du Joe Sacco.
Mille fois plus intéressant que le dernier Guy Delisle, probablement.