Préambule
Première chose : un AMV pour découvrir ce qu'est Pandora Hearts.
J'ai - un peu - passé l'année à fangirler comme une adolescente de quinze ans (c'est assez laid, j'en aurais bientôt trois de plus) sur ce manga. Maintenant que le dernier chapitre, le retrace 104, est sorti il y a un peu plus d'un mois, il me semblait normal d'en parler. Retrace anxiogène au possible et juste déprimant, en passant.
On n'a pas pu faire cuire de steack pendant deux jours à cause de ça, rendez-vous compte.
Il me semblait également très, très important de préciser quelque chose : Pandora Hearts n'est pas un shonen dans la lignée de Naruto / Fairy Tail, comme j'ai parfois pu le lire. Pas. PAS. PAS. DU TOUT. (Et celui qui me contredira, je lâche Drogon sur lui. Les comparaisons hasardeuses, ça va bien deux minutes).
Bien, maintenant que je suis spotted comme une adolescente rageuse, nous pouvons y aller. Enjoy.
La critique
Le principal << défaut >> de PH, quoique selon moi ce soit plus une qualité qu'un défaut, est que la série ne peut être appréciée et jugée sur ses premiers tomes. Contrairement à d'autres mangas que je ne vais pas citer (Fairy Tail, Naruto, prenez-vous ça, les fans), Pandora Hearts évolue. Que ce soit au niveau de ses personnages, de son dessin, de son intrigue, ou de son rythme, le manga est bien meilleur à la fin qu'au début. Pour moi, les premiers tomes peuvent, effectivement, paraître rébarbatifs, et sont assez moyens ; mais la suite gagne en qualité, et commence à devenir vraiment intéressante. Pour ceux qui auraient déjà visionnés l'animé (véritable trahison du manga tout en restant strictement fidèle à la trame, un comble), je dirais que le véritable intérêt de Pandora Hearts commence là où l'animé se termine.
Le visionnage de l'animé vaut juste pour la phobie des chats de Gil, en fait.
En fait, dans cette critique, je vais simplement vous donner quelques points de comparaisons : ce que le manga est, au début, et ce qu'il devient à la fin. Pandora Hearts est le premier manga de son auteur, et elle s'est, clairement, fait la main sur les premiers tomes, et ce, sur à peu près tous les points : intrigue, dessin, personnages, et rythme. (Ce qui sera aussi le plan de ma critique. Introduction subtile, checkée.)
Et, en guise de transition, les beaux yeux d'Elliot Nightray. [Je n'y peux rien, des Elliot sauvages s'incrustent dans la critique... Le côté hormones, toussa.]
Mettons-nous tout de suite au clair. Pandora Hearts est malsain. Mais genre, méchamment.
J'évoque ici le terme << malsain >> dans le bon sens du terme. Dans le sens réaliste, dans le sens intéressant, et dans le sens constructif. Si, dans le premier tome, les enjeux peuvent parfois paraître minimalistes et simplets, ils enflent et deviennent beaucoup, beaucoup plus dramatiques dans les tomes suivants, notamment à partir du ~ 12-13e volume.
Enfin, personnellement, dès le tome un, je ne trouvais pas que le fait qu'être châtié pour le pêché << d'exister >> soit déjà très joyeux et naïf, mais chacun sa sensibilité.
L'intrigue, tout comme les personnages, évolue sans conteste, gagne en noirceur et en précision. Si les premiers tomes sont parfois quelques peu pêle-mêle, les véritables enjeux commencent à apparaître à partir du tome 5, et les premières clés sont données à partir du chapitre 59, au milieu du tome 15. (Chapitre assez horrible et malsain s'il en est.)
L'auteur prend, en réalité, un malin plaisir à construire un contexte assez manichéen (telles personnes sont gentilles, telles autres sont méchantes), pour le détruire à grand renforts de retournement de situations ; et, pour une fois, les ficelles sont suffisamment dissimulées pour qu'on ne s'en aperçoive pas. Ou trop tard. Et Jun nous balance directement la mort d'un personnage - oui, parce que, dans Pandora Hearts, des personnages meurent, et pas des personnages secondaires.
(Mais on dira que c'est gentillet, comme Fairy Tail, oui, oui. Sauf que, passé le tome 15, l'hémoglophine devient, dans PH, aussi importante que les boobs dans Fairy Tail.)
Et la fin du manga est magnifique. J'en parle sans spoiler, mais elle m'a beaucoup émue - apothéose dramatique, anxiogène, et, finalement, beaucoup moins d'espoir que ce que l'auteur nous laisse présager depuis le début. Pandora Hearts n'est pas une grande tragédie, loin de là, mais Jun [nom que je ne saurais retenir] renverse totalement le concept de sacrifice, et c'est beau. Vraiment.
En somme, le message de Pandora Hearts est parfois assez classique - il y a un monstre dans chacun de nous, par exemple - mais il n'en reste pas moins juste et parfois rafraichissant dans l'univers de la japoniaiserie. Le manga ne renverse pas des montagnes, mais se tient parfaitement, et sait se montrer intéressant.
Il y a un montage que j'adore et qui, pour moi, est très représentation de ce que devient Pandora Hearts : celui-ci. Je ne pense pas qu'il puisse réellement spoiler, mais je le cache au cas où.
Enfin, un gros point fort du manga est son univers. L'histoire se déroule dans un univers alternatif très inspiré de la culture anglaise, parfois occidentale, des années 1850 - 1900, et sur une semi-réécriture d'Alice au pays des merveilles. Pandora Hearts s'inscrit très naturellement dans cette culture sans l'expliquer, comme le font d'autres animés plus médiocres (sans citer de nom, Black Butler), et s'approprie totalement un simuli d'époque victorienne qui apporte un petit << plus >> culturel et graphique appréciable.
Le point sur l'intrigue était un peu long, je vais faire beaucoup plus court sur les trois suivants.
Les dessins, sans être excellents et très personnels, sont bons, voire très bons, et s'améliorent aussi au fil des tomes. En relisant les premiers tomes, je me suis rendue compte que certaines perspectives, ou certains visages, sont parfois un peu aléatoires - mais cela s'explique facilement par la jeunesse de l'auteur - et cet aspect ne considère, en gros, que les 3-4 premiers tomes. Le dessin devient nettement plus appréciable par la suite.
Bon, il y a quand même quelques plans à s'immoler les globes oculaires dans le premier tome.
Dans les tomes suivant, au contraire, le dessin s'affine, se détaille, et devient nettement plus expressif. Ce que j'aime, dans Pandora Hearts comme en général, c'est lorsque le dessin s'affranchit de sa fonction première - transcrire un sujet ou une émotion - pour devenir plus complexe, et plus subjectif. Chose qu'il réussit parfaitement.
Et il faut bien admettre qu'Oz (cou démesuré précédent) est nettement mieux dessiné dans les derniers chapitres.
Les personnages de PH sont assez difficiles à appréhender, au début. Pour la simple raison que l'auteur passe plusieurs à les construire avec un certain manichéisme en accentuant un trait de leur caractère que l'on reconnaitra soit comme négatif, soit comme positif (Oz est innocent, Gilbert est fidèle comme un chien, Vincent est sadique). Ça, c'est la théorie des premiers tomes. Et ensuite... L'auteur s'amuse à complètement détruire ce manichéisme, et de manière clairement noire, violente, et douloureuse. Quoi ? On me souffle dans l'oreillette que Pandora Hearts est supposé être un shonen basique et joyeux ? Comme Fairy Tail ? Ah, d'accord, d'accord...
Fait craquer ses doigts.
Le personnage principal, nommé Oz Vessalius, est décrit par la plupart des personnes qui n'apprécient pas le manga comme un héros de shonen basique, càd : jeune, insouciant, à l'intelligence limitée, surpuissant, et qui prône le pouvoir de l'amitié. Je pourrais écrire des pages et des pages pour prouver qu'Oz Vessalius est en réalité beaucoup plus égoïste, qu'il ne croit pas tant que ça au pouvoir de l'amitié, mais, je crois qu'une image (colorisée) vous parlera mieux que tout le reste concernant la prétendue naïveté de ce personnage.
VOILA. VOS GUEULES.
Et c'est à peu près la même histoire pour tous les personnages. Vous verrez passer la conne aux gros seins qui n'est pas si conne, la petite fille fragile qui n'est pas si fragile, et le grand homme solitaire qui ne veut pas mourir seul. Contrairement à certains mangas, tel que Fairy Tail (oui, oui, j'ai l'espoir que ça finisse par rentrer), les personnages se construisent par rapport à leur présent et non à leur passé.
Je m'explique.
L'adage des mauvais mangas, selon moi, c'est d'essayer d'approfondir les personnages en dévoilant leur passé, alors que ces personnages n'évoluent pas selon la trame de l'histoire. Pandora Hearts fonctionne selon le processus inverse. L'auteur dévoile le passé des personnages de manière à construire un pont qui mène, non pas à ce que le personnage est, mais à l'explication de traits de caractère déjà posés, et qui évoluent selon les évènements. Le passé de Vincent, par exemple, explique pourquoi il a des tendances sadiques, mais l'évolution de ces tendances se fait uniquement par la trame. Et c'est un gros, gros plus.
J'ai très souvent lu des critiques concernant le rythme de Pandora Hearts, qui serait trop incisif, et parfois un peu trop pèle mêle. Me concernant, je les trouve plutôt justifiées ; j'ai souvent remarqué l'absence de plans larges qui renseignent sur la situation spatiale, ou d'ellipse suffisamment marquées, ce qui peut, effectivement, rendre une lecture peu attentive assez laborieuse. Mais, toujours selon moi, le rythme n'est pas suffisamment inégal pour gêner un lecteur concentré, ou empêcher la compréhension d'un chapitre.
En parlant de brisure, de rythme, un Elliot sauvage s'insère ici dans la critique. Et un Oz aussi, en fait. ... Heu attends, Oz, C'EST QUOI CE DEHANCHE.
Plus sérieusement, les brisures de rythme me semblent, en partie, explicables par la complexités du scénario. L'auteur a le souci du détail, et elle créé des scènes qui durent parfois 9, ou dix chapitres, soit deux tomes et demi ! Suivi de scènes qui durent seulement un chapitre. Ceci, pour moi, explique pourquoi la lecture du manga est parfois difficile, mais c'est plus une question de coordination entre chaque "passage" important de l'histoire, que de véritable << défaut >>, parce que l'histoire est suffisamment intéressante pour rattraper derrière.
En somme
Pandora Hearts, c'est bien.
S'éclipse.
Plus précisément, Pandora Hearts ne se limite absolument pas à l'impression que peut donner ses premiers chapitres ; celui d'un shonen assez basique, aux personnages caricaturés, et aux éternels héros qui clament le pouvoir de l'Amitié. Il est, en réalité, bien plus noir et profond, et surtout, parvient à construire une histoire telle que chacun pourra en tirer quelque chose de différent, selon sa sensibilité, et selon ses expériences. En cela, il me parait, selon moi, peut être pas indispensable, mais intéressant à lire.