Le monde se réduit soudain, au prisme parfait de ce visage aimé, le visage de Maria.
OMAGAD OMAGAD CETTE SERIE EST PUTAIN DE GENIALE, QUI SONT LES DEUX CONNARDS QUI LUI ONT MIS 4 ??
... Ça, c'était grosso modo ma réaction les quelques minutes qui ont suivi la fin de mon visionnage (et aussi, accessoirement, pendant la quasi totalité des épisodes).
[Edit : Depuis il y a quelqu'un qui a mis deux, et même qu'il a critiqué. C'est cool, sans ironie.]
Ma note n'est pas rationnelle. En temps normal, j'aurais plutôt mis 9, voire 8 (ce qui reste, tout de même, d'excellentes notes que je ne délivre que rarement). Ma critique est réalisée à chaud, d'ailleurs, et je pense que cela peut se voir rien qu'à son titre (extrait d'un espèce de vers prosé que j'ai rédigé fébrilement juste après la lecture).
Faire une éloge sur une animation, un film, un livre, peu importe, qui marque énormément, tout en essayant de rester un minimum constructive et de démêler, finalement, ce qui ne représente que la contemplation discrète des visages, et ce qui est une force incroyable (posée entre deux sourires et deux regards, deux simples regards), est un exercice très difficile. D'autant plus que, chaque fois que j'entends l'ending (le 2 principalement, même si le un est aussi très bon), j'ai envie de dire que c'est une série à regarder, un point c'est tout. Et de chialer un bon coup, après.
Shinsekai Yori est une série inquiétante, sombre et parfois glauque. Pourtant, cela ne passe pas par des giclées de sang (bien qu'il y en ait quand cela s'avère nécessaire), ou par des membres arrachés ; comme souligné dans une autre critique (celle de Skidda je crois, qui résume bien à elle seule aussi tout le concept de la série), l'histoire joue finalement bien plus sur son côté psychologique que sur son univers en lui-même, qui est simplement poussé de manière à s'assurer une cohérence interne et automatique ; mais le cantus, la "magie" n'est pas développée, car une composante naturelle dont il n'est pas nécessaire de découvrir le fonctionnement. Il y a même énormément de scènes magnifiques, et qui ne semblent pas glauques du tout; c'est tout la force de l'animation ; le glauque n'est pas imposé à travers d'images "choquantes" si je puis dire, mais simplement gravé à travers un contexte, emprunt dans chacun des murs, dégoulinants. Je renvoie par exemple à l'épisode dix, qui possède un style graphique différent, duquel je suis résolument amoureuse par ailleurs (on retrouve exactement le même dans "Casshern Sins"), et qui m'est apparu comme étant magnifique, alors que cet épisode est bien l'un des plus glauques de ceux de la série, et que l'univers en lui-même, le cadre spacio-temporel, n'incite que à cette haine indistincte, cette tristesse énorme et inattendue. C'est, en quelque sorte, marquer l'horreur en la rendant esthétiquement incontournable. J'ai été terriblement mal à l'aise devant cet épisode ; à la fois envie de tendre le bras pour toucher ce qui n'est, finalement, rien de plus qu'un visage, mais aussi, horrifiée par ces ombres noires.
Et c'est plus ou moins la même chose tout au long de l'animation ; la société fondée ainsi est horrible, le cheminement pour en arriver là, qui est à peu près connu depuis le début, parait à la fois irréel et monstrueusement logique. Considérez cela comme un jeu, un dégradé de couleur constant et trompeur : vous ouvrez une porte et vous enfoncez dans une pièce sombre, sans lumière, qui redevient, peu à peu, grise, sous la chaleur de sourires et d'amour (parce que l'amour est très présent dans l'animation, et c'est assez dérangeant). Mais c'est un gris glauque, malsain ; je pense par exemple à une image assez dérangeante, subliminale, qui m'a frappée une fraction de seconde ; à un moment, dans la "partie 2", quand ils ont quatorze ans (épisode 8 ou 9, je dirais), on entrevoit un des couloirs de l'Académie des Sages où les élèves sont deux par deux, en couple, comme dans une sorte de couloir des amours, où chacun est forcé d'aimer. C'était rapide, subtil, mais j'en ai été promptement pétrifiée. Et la pièce s'assombrit à nouveau, alors que vous ouvrez une autre porte, et vous vous apercevez qu'elle est encore plus noir qu'auparavant, alors même que vous venez de voir des scènes bleues, rouges ; comment en est-on arrivé là ? Dans Shinsekai yori, c'est un enfonçage constant de portes ouvertes, souvent subtiles, mais des portes qui n'étaient pas vues ; des innovations constantes et glauques. Il est quasiment impossible de prévoir la logique des évènements ; et pourtant ils le sont diablement, mais paraissent... tellement vidés de sens. Je pense que c'est le bon mots, vidés. La seule chose que j'avais prévu, pour dire vrai, est, dans les grandes lignes, ce qui tient lieu de révélation finale. Prévoir les dernières informations, les plus glauques (ceux qui ont vu la séries seront de quoi je parle) au début de la série, est un peu dommage, mais glauque aussi à sa manière ; parce que j'ai été horrifiée par les évènements au fur et à mesure, alors que savoir, à la fin, la véritable condition de "l'autre espèce" (je l'appelle de cette manière pour ne pas spoiler), doit donner comme une brulure au visage, une âpreté amère sur la langue.
Reste enfin les personnages. Ils ne sont pas particulièrement poussés, mais ils occupent, avec une perfection incroyable, la place qui leur est donnée, au point de paraitre indispensables. L'idée qu'un seul d'entre eux puisse être blessé, disparaitre, devient étrange, bestiale, animale. Et pourtant, lorsque cela arrive enfin (non pas une fois, mais plusieurs fois - j'essaie de ne pas spoiler), cela parait cruel, bestial, inhumain ; les personnages subissent quoi qu'ils fassent, malgré leurs libertés de penser, de bouger. Et chaque perte est définitive. Je crois que c'est le plus fort de cette animé. Dans la plupart des autres animés que j'ai vu (ou du moins dans les plus mauvais), ce qui est perdu, un être passé pour mort, disparu, revenait toujours d'une manière ou d'une autre. Shinsekai Yori a ce trait oppressant du définitif ; il ne faut que quelques épisodes pour comprendre qu'on pourrait, à chaque instant, rester au bord du vide, voir un visage, un trait pour la dernière fois ; la métaphore du funanmbule est hyper usée et clichée, mais pourtant, je n'en connais pas de meilleure. C'est une atmosphère de méfiance, de mensonge. Étouffante. Les personnages sont bons. Saki, Shun, Satori, Mamoru, Maria, ils sont comme une sorte de rempart aux ténèbres, un filtre ; et ils lâchent tous, à un moment où à un autre ; à tel moment, ce visage est montré, dans un symbolisme extrême - l'animé utilise énormément de "symboles" qui sont reconnaissables, un plan sur tel aspect du visage, qui, la plupart du temps, foirent l'animé, mais qui, ici, poussaient jusqu'à l'extrême la réalité d'une dernière fois, d'une pierre qui tombe et éclate en milliers de morceaux d'ébènes - et ce symbolisme devient une blessure. J'ai aimé les cheveux de Maria, le visage aigu de Mamoru, les yeux de Saki, les sentiments de Shun, la sureté classe de Satori. Et j'ai détesté les magnifiques paysages de neige, la maison abandonnée, la couleur du lac, j'ai détesté tout ce qui avait, un instant, enlevé à leurs visages la couleur soudaine de la gaité. J'ai même maudit les réalisateurs de n'avoir pas fait ce que je condamnais systématiquement dans les autres animations : ne pas poser un point final et faire réapparaitre ce qui avait été perdu.
Leurs visages ont cet achèvement insupportable.
Insupportable.
[Edit 04.06.2014] J'ai revu la série. J'en ai tellement mal et bien parlé dans la critique qui précède, je crois, je n'ai pas le courage de reprendre. Toujours est-il que j'ai été encore plus bouleversée et remise en question que la première fois, et que cet animé commence à m'apparaitre véritablement comme une production de génie. Regardez-le. Aimez ses personnages. Vraiment.