Un sac de billes
En France, nous avons un petit problème avec le franquisme. En effet, nous faisons semblant de croire que pendant des décennies nos voisins espagnols n'ont eu aucun soucis, que le régime n'était pas...
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le 18 févr. 2017
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En France, nous avons un petit problème avec le franquisme. En effet, nous faisons semblant de croire que pendant des décennies nos voisins espagnols n'ont eu aucun soucis, que le régime n'était pas si terrible. Tout droit venu d'Espagne Carlos Giménez nous ramène la vérité en pleine face avec cette BD, œuvre majeure d'un des plus grands dessinateurs espagnols.
Paracuellos comprend les 6 tomes de ce récit de vie : le quotidien des enfants dans les foyers espagnols sous Franco. Des foyers où étaient mis les enfants dont les parents ne pouvaient s'occuper, pour cause d'emprisonnement, de pauvreté, d'éloignement géographique, etc. Or, ce qui frappera tout lecteur est la proximité entre ces foyers et les camps de concentration du nazisme. En effet, la violence est omniprésente, la faim est constante, l'ennui est majeur, le mépris est palpable. Le pire étant les tortures, physiques bien souvent, mais aussi psychologique. Les enfants sont brisés, cassés. Non pour devenir des parfaits soldats, non pour créer un esprit d'unité, mais au contraire pour ne plus rien avoir. Paracuellos c'est l'Histoire d'une nation qui a détruit une partie de sa jeunesse sans raison, sans but, sans objectif.
A ce titre, Paracuellos est une lecture dont on ne sort pas indemne. L'histoire présente parfaitement ce quotidien où les enfants se battent et cherchent des combines pour ne pas être trop torturé par la faim. On lit ces aventures qui se terminent souvent par un passage à tabac. La violence des éducateurs fera frémir le lecteur tant celle-ci est gratuite.
Je le dis et le répète mais on est proche des camps de concentration du nazisme. La comparaison est obligatoire tant il apparaît impossible d'imaginer n'importe quelle enfance éduquée de cette façon. Ces enfants sont des prisonniers, des criminels dont le crime est juste d'être là.
L'horreur ultime apparaît dans la torture psychologique, que ce soit celle des éducateurs ou celle de certains adultes, méprisant absolument tout ce que ces enfants peuvent garder d'humain en eux.
Graphiquement on est dans l'uniformité des enfants, avec quelques figures reconnaissables et des adultes qui eux paraissent souvent monstrueux. Le regard est celui des enfants : les adultes sont des monstres quasiment difformes et impotent mais dont la violence est fulgurante.
On notera aussi la progression de quelques histoires, quelques personnages tout au long des tomes, mais la majorité du temps, les histoires peuvent se lire de manière isolée.
Le défaut du format intégrale et qu'on a peut être du mal à saisir les changements entre chaque tome. Le premier est certainement le plus absurde dans sa noirceur, montrant vraiment l'horreur absurde de ces foyers, là où le sixième et dernier préfère les intrigues. On appréciera tous quelques histoires en particulier. Pour ma part, ce qui en restera est de voir à quel point le génie humain peut briller dans sa capacité à briser psychologiquement des enfants, eux qui ont pour seul crime d'être dans ce foyer.
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le 18 févr. 2017
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