Avec Paul au parc, Michel Rabagliati continue d’explorer la vie de son alter ego fictif avec une tendresse et une sincérité désarmantes. Ce tome nous plonge dans les souvenirs de jeunesse de Paul, à une époque où les cabanes dans les arbres, les premières amitiés et les petites trahisons étaient tout aussi importants que le reste du monde.
L’histoire, construite comme une série de fragments de vie, suit un jeune Paul à la fois rêveur et observateur, naviguant dans le Québec des années 70. Entre son passage dans les scouts, ses premières confrontations avec les absurdités du monde adulte, et les moments suspendus dans le parc, Paul au parc est une invitation à revisiter l’enfance avec un mélange d’humour et de mélancolie. Le récit nous rappelle que grandir, c’est souvent une affaire de petits moments qui forment des souvenirs durables.
Le dessin de Rabagliati, avec son style épuré et expressif, sert parfaitement cette chronique douce-amère. Chaque case respire l’authenticité, et les décors du parc ou des cabanes de scouts deviennent de véritables personnages, comme s’ils avaient une âme propre. La narration visuelle fluide et les choix de mise en page astucieux renforcent ce sentiment de proximité avec Paul, nous donnant l’impression de fouiller nous-mêmes dans une vieille boîte à souvenirs.
Mais là où Paul au parc brille vraiment, c’est dans son traitement des thèmes universels. L’innocence de l’enfance, la complexité des relations humaines, et cette découverte parfois brutale que les adultes ne sont pas aussi infaillibles qu’on le croyait. Rabagliati a ce don de nous faire rire d’une anecdote absurde pour ensuite nous cueillir avec un moment d’une douceur poignante, presque douloureuse.
En résumé, Paul au parc est bien plus qu’une simple chronique d’enfance : c’est un hommage aux petits riens qui façonnent nos vies et à ces instants fugaces où l’on se découvre un peu plus. Une perle d’humanité, à lire les pieds dans l’herbe ou sous un plaid, pour se souvenir que chaque enfance, à sa manière, est un trésor.