La couverture et la thématique de Peau de Mille Bêtes me faisaient de l’œil depuis quelques temps quand j’ai eu la jolie surprise de me le voir offrir. Quelle agréable perspective en effet de me plonger enfin dans cette histoire née de la plume de Stéphane Fert ! J’ai découvert récemment son univers dans Blanc autour. Le charme et la personnalité de son dessin m’avaient conquis !
L’histoire suit les pas d’un jeune homme semblant s’égarer dans une forêt hivernale et mystérieuse. Il est attaqué par des monstres et se voit gober un œil par un corbeau. À cette occasion, il engage la discussion avec le volatile et partage avec lui son souhait de retrouver une princesse qu’il a croisé il y a quelques semaines en ces lieux. Pour l’aider dans sa quête, son nouvel ami à plume va le guider vers le château des insectes « là où tout a commencé »
L’album s’inscrit pleinement dans une atmosphère de conte gothique. Le ton loin d’être enfantin risque en effet de rebuter les plus jeunes lecteurs. Les tons sombres offrant une place importante au noir et au gris sont un cadre parfait pour faire exister monstres et bestioles. Le rendu des dessins est sur cet aspect assez remarquable. L’immersion dans cette forêt est joliment sensorielle et rend la lecture dépaysante.
Le scénario s’appuie sur les codes du genre. Une quête initiatique, un amour impossible, une malédiction, une princesse… Les ingrédients sont classiques mais la recette ne manque pas de personnalité. Le découpage en chapitre est une initiative intéressante. Cela structure la lecture et donne ainsi un joli rythme à l’ensemble. La trame ne souffre d’aucun temps mort. Néanmoins, je dois bien avouer que je me suis parfois senti extérieur de l’intrigue. Je ne saurais pas l’expliquer mais je suis resté émotionnellement en retrait de l’histoire. Le fait est que je ne me suis jamais pleinement captivité pour le destin des personnages. Cela ne m’empêche pas de reconnaitre de belles qualités à la construction narrative de l’ensemble.
La thématique du conte fait qu’on croise un héros, un roi, une princesse, des animaux qui parlent… Bien que tous ces ingrédients semblent classiques, ils sont utilisés de manière assez sombre par les auteurs. Le héros est fragile et sensible. La princesse est une ogresse. Le roi est seigneur des insectes et des animaux. Il est tyrannique souffrant de sa propre solitude. Côté animalier, on est loin du bestiaire des films Disney. Insectes et rampants sont davantage de sortie…
Peau de Mille Bêtes est une belle réussite. Cet album dégage une belle ambiance qui met en valeur un scénario pourvu d’une belle personnalité. Même si je suis finalement resté assez spectateur des enjeux de l’intrigue, je reconnais sans difficulté que l’identité graphique est indéniable et le travail sur les couleurs remarquable. Bref, cet ouvrage mérite le détour et je ne peux que vous inciter à partir à sa rencontre…