Jojo's est certainement l'une des oeuvres les plus illustrative, de part sa singularité, sa créativité et ses propositions, de la fine frontière pouvant exister entre le sincère nanar et la réalisation d'une inspiration géniale sur laquelle Araki oscille constamment d'un extrême à l'autre pour une oeuvre tout à fait charmante.
Malheureusement cette première partie tombe dans le nanar ou plutôt émerge pure de l'univers sans limite d'un jeune auteur qui ne sait encore comment gérer la nanarinade dans laquelle mijote son esprit, de manière à ce qu'il ne se fasse pas déborder par ses idées et puisse proposer des scènes qui se tiennent.
Une des principales source du problème est le traitement au premier degré d'une histoire trop extrême pour être sensible sans une forme qui la mettrait en valeur, forme qu'il trouvera réellement dans "stardust crusaders".
Résultat nous avalons les pages plus naïves les unes que les autres a la hauteur du personnage principal on pourrait dire, les idées déjà bien farfelues et les rebondissements liés de manière hasardeuse, si bien que le caractère mature de Jonathan dans la scène finale et sa tonalité réellement sombre, loin du parc d'attraction d'un petit con gothique dans la section précédente du château, semblent sortir de nulle part.
Mais malgré le balbutiement narratif on fini tout de même par ressentir la gravité des situations tellement leur nature et les personnages qu'elles impliquent sont extrême.
Le format choisi par Araki, plus proche du film que de la série est intéressant, format qu'il va garder dans les parties suivante et que je trouve rafraîchissant en contrepoint de la tendance aux séries longue. Il permet de se centrer sur l'action principale et condenser le récit plutôt que de s'éparpiller dans une exploration de l'univers, nous n'avons pas besoin de tout savoir mais juste ce qu'il faut car le sujet est la péripétie et non le décor.
Un mot rapide sur les deux personnages, chacun à l'extrême de l'autre.
Nous avons tout d'abord une rareté, non pas par sa bonté excessive et sa naïveté affligeante mais plutôt pour son ascendance aristocratique. Intéressant, dommage qu'il n'en fasse rien car outre l'opposition bien/mal qu'il incarne avec Dio ils incarnent également une opposition de classe sociale qui ne se ressent absolument pas dans l'attitude et le comportement des personnages qui transpirent surtout la valeur morale qu'ils représentent. Alors oui on dit que Jonathan désir devenir un gentleman mais ça s'arrête là et Araki nous le peint en jeune garçon faible face au monde car isolé dans une bulle protectrice. Tellement cliché, il aurait pu traiter une forme de sentiment supérieur chez Jonathan, une assurance dans son approche du monde cultivé par son éducation et je ne dis pas d'en faire une tête claque, cela va très bien avec la bonté et même de la maladresse, mais tout de même très loin de cette naïveté excessive qui rend le personnage juste bête ce n'est absolument pas crédible mais sûrement que sa réconforte le lecteur sur sa condition.
Jonathan incarne donc au premier degré la pureté mais cela ne passe pas contrairement à son antagoniste de l'autre extrême, je ne sais pas pourquoi cela marche pour Dio et pas lui, peut être que l'on conçoit difficilement que ce genre d'énergumène soit possible face aux tentations de la réalité, Jonathan est alors une chimère utopique sous les traits d'un Kenshiro débile, aussi débile et niais que son esprit bon et pure.
Néanmoins on ressent de la peine plutôt que l'on ri de lui lorsque ce pauvre Jonathan voit sa vie anéantie petit à petit sans même soupçonner l'évidence Dio.
Dio, l'évidence, le méchant très méchant plus méchant que sa Majesté le congélateur, si il fonctionne très bien comme incarnation d'un mal sans motif si ce n'est sa propre constitution, sa volonté de vie, n'a cependant pas le charisme qui nous envoûtera plus tard en égypte et se montre pour notre plus grand plaisir et déplaisir, sous le rayon de Lune d'une raclure psychopathe aussi immature que son pendant de bonté, qui aime infliger la souffrance et le sang jusqu'à s'en nourrir littéralement une fois le masque de pierre activé. Il n'y avait effectivement pas plus approprié pour ce personnage que d'en faire un vampire.
Cette première partie baigne dans la maladresse et les erreurs narratives comme ce cher Speedwagon qui en plus de gaspiller sa salive à souligner l'évidence fait doublon à l'action, c'est un défaut de beaucoup de mangas mais porté ici à une grandeur nanardesque de concert avec toutes les exagérations possibles des personnages dans leurs actions, réactions et pensées, tellement que l'on en ressent presque de la sympathie, point important d'un bon nanar.
En conclusion nous avons un balbutiement amateur tant dans la narration que dans le dessin contrefait de Tetsuo Hara, qui vaut principalement la peine pour les petits plaisirs que Dio se fait avec la vie de Jonathan mais peine malgré sa courte durée, transpirant cependant l'originalité de son jeune créateur.