Film intéressant d'un jeune réalisateur qui ne manque pas de nous exposer ses talents de mise en scène, " la loi de Téhéran" malgré ses promesses aurait très bien pu s'arrêter dans ses cinq premières minutes avec ce plan génial dans lequel le protagoniste enfonce porte après porte, après porte, après porte ..... pour au final ne déboucher sur rien, plan qui résume parfaitement les vains efforts de la lutte contre le trafic de drogue sujet qui ne sera pourtant jamais traité dans la suite du film malgré qu'il soit parfaitement annoncé dans cette introduction géniale, puis rappelé à la fin avec avec la démission du personnage qui sort de nulle part et nous étonne autant que son collègue.
Un plan qui résume également parfaitement l'effort du cinéaste qui plan après plan se démène pour garder cette vivacité, cette grande nervosité du montage, cet enchaînement de débauche gueulante qui au final n'aboutira que sur un pet dans l'eau mais qu'il réussi à tenir tout le long, même dans des scènes qui auraient gagnées à marquer un temps d'arrêt.
Au final le montage semble lui échapper, il se laisse embarqué dans une boule de neige, subit le rythme et l'atmosphère effrénée qu'il a à lui même instauré sans plus trouver la pédale de frein, un pilote automatique qui abouti au crash d'un exercice de style duquel sort malgré la perte de contrôle quelques bonnes choses.
Forcément avec un rythme et une intention aussi marquées nous sommes saisis par cette tension, l'atmosphère a fleur de peau, les personnages au bord de l'éclatement, enfin je dis forcément mais donnez le film à Michael Bay et la tension disparaîtrait au profit d'un joyeux bordel sponsorisé par doliprane alors reconnaissons le talent de Saeed qui rend palpable cette tension, qui nous fait suffoqué dans ces enclos de prisonniers qui s'entassent, se suent les un sur les autres et se pissent dessus en attendant l'abattoir.
Je trouve qui plus est et cela renforce l'immersion, que Saeed film plutôt bien les foules et les effets de masse qui sont des éléments d'une grande force cinématographique par l'espace qu'elles occupent et les mouvements organiques qu'elles provoquent.
Le film essaie d'avoir un propos social, a travers notamment un jeune garçon dont la vie est condamnée par son tocard de père mais qui se termine sur une chialade exhibitionniste digne des pires mangas industriels, ainsi que par le personnage de Naser grand ponte du crack annoncé comme une figure mythologique qui dénoncé, trahi, est remis à sa place dans la fosse aux gueux.
Le problème c'est qu'on veut nous faire croire que ce personnage à mal tourné à cause de ses conditions de naissance, mais l'empathie ne peut pas prendre quand pendant les trois quarts du film il est montré comme la pire des raclures pour au final nous dire qu'il faut comprendre le pauvre petit chou qui prend soin de sa famille. La scène d'émotion finale avec la famille justement est tellement male arrangée et filmée, ce qui est quand même étonnant vu le talent que le gars nous a montré, que je ne sais si il nous montre un point de vue misanthrope sur un pauvre type comme les autres qui s'est vu plus beau que ce qu'il n'est ou, si il veut nous montrer au contraire que la pire des raclure n'est qu'un homme du quotidien victime de sa classe sociale.
Autre sujet que le film essaie de traiter est la catastrophe de l'addiction au crack dans cette société mais au final nous assistons qu'a une bulle isolée du reste de la société, une bulle bien rempli certes mais comme si montrer une salle bien remplie du festival de Cannes était représentatif de la société française.
Mais malgré ces paragraphes à énoncer des défauts, auxquels on peut ajouter un formalisme inutile et hors de propos par moment, le film mérite d'être visionné pour l'expérience de la nervosité explosive qu'il propose, d'un rythme qui ne nous laisse pas de répit pendant deux heures duquel on sort mouillé, comme baigné dans la transpiration de ce troupeau poisseux.