Je soulignais dans ma critique de l’album précédent à quel point celui-ci enlisait la série dans un jour le jour regrettable. Piégés ! propose une bouffée d’air – ou un rétablissement, selon qu’on considérait Point de non-retour comme un début de noyade ou comme une chute – qui en fait à mon sens le meilleur album jusque là.
D’abord, ce qui m’a plu, c’est la neige dès la deuxième scène d’extérieur. Les flocons, je trouve ça cool, c’est comme le duvet d’oisillon, ça apporte un peu de fraîcheur, de légèreté…
En dehors de ça, cet album propose :
- un événement relativement marquant raconté par un personnage : ça manquait à la série, qui a tendance à tout montrer. Ordinairement, les hors-champs sont rares, et les contrechamps sont suivis de leur champ. Là, le lecteur n’a effectivement pas besoin de voir un vol de cheval, il lui suffit de l’apprendre. Plût au dieu des zombies que le procédé se renouvelle à l’avenir !
- l’occasion pour moi d’utiliser deux verbes à l’imparfait du subjonctif ;
- une mauvaise décision sans conséquence sur la survie des personnages : Heath, Glenn et Spencer décident de prendre pied sur un toit voisin d’Alexandria, ce qui ne leur est d’aucune utilité – Andrea pouvait bien jeûner encore un peu. Ça n’aurait pas été davantage utile qu’ils restassent intra muros. Ce n’est même pas une de ces mauvaises-décisions-qui-se-révèlent-bonnes. Non, c’est juste l’occasion pour Spencer de proposer la botte à la fille dont il s’est amouraché – et pour celle-ci de lui coller une droite. Voilà ce que j’appelle mêler intrigue sentimentale et survie ;
- un rappel : les zombies restent un danger. Surtout en horde. Surtout pour ceux qui n’y sont pas habitués. Ceux qui ont déjà porté un poncho doublé de tripes de zombie sur le revers survivent ; ceux qui se contentaient de tee-shirts, de chemises, de vestes, de blousons et de marcels – mais peut-être aussi de manteaux en peaux de chatons ! – en paieront le prix ;
- la disparition du personnage le plus insipide de la bande dessinée, qui n’a même pas pour lui le côté énervant de Lori, ni le rôle de levier d’intrigue qui est le sien dans la série télévisée. Puisse ta mort être un peu plus trépidante que ta vie, Morgan !
- la demi-amputation d’une main à coup de hache. D’où la naissance de jeux d’échos : oui, c’est l’homme au moignon qui fait un moignon ;
- le deuxième éborgnement de la série – et quel éborgnement ! Mais on se doute bien que l’éborgné va s’en sortir, et gagner en intérêt ce qu’il perdra en acuité visuelle. (Vous ne trouvez pas que les héros épiques à qui il ne manque aucun organe, il leur manque quelque chose ? Pensez à Rick, à Achab, à Long John Silver, au capitaine Crochet… à Thom Yorke ?) Sans rire, Carl se retrouve marqué dans sa chair – désolé pour le cliché – par ses aventures, et comme il n’aura personne sur qui se venger, cela nous promet une adolescence guillerette. (Oui, cette fois, pour de vrai, pensez à Thom Yorke…)
- le plus grand massacre de zombies de toute la série : un truc tellement épique que même Eugene y participe – et trouve ça épique.
Critique du volume 13 ici, du 15 là.