Les bédés de la rentrée littéraire pleuvent comme il pleut de la merde. Du coup, c'est encore plus difficile de se sentir absorbé au premier coup d'oeil, d'avoir envie d'en chopper une au hasard et d'en faire sa lecture à la pause déjeuner.
Toujours est-il que quand t'ouvres un carton, tu t'attends à tout. Mais y'a quand même quelques fois où tu décroches un sourire quand tu choppes une couverture avec des illustrations que tu connais. Celles qui te ramènent quasiment dix piges en arrière, à l'époque où les cheveux roses de Cha te faisaient marrer et que ça faisait du bien d'avoir une nana aux commandes qui partageait son univers punk rock avec toi et des centaines d'autres gosses.
Cha ressort donc une bédé, associée à El Diablo. Petit scénario ghetto polar, une perle urbaine remplie de trottoirs et de cases grises (mais aussi parfois colorées). D'ailleurs j'ai bien aimé le côté "présent" en noir et blanc et les flashbacks en couleurs. C'est de la petite originalité mais qui a son effet.
Le thème de l'amitié ? Faut croire, vu sous l'angle d'un cadavre à planquer. Jusqu'où on peut aller pour sceller les liens avec nos meilleurs potes ?
Rudy vient de faire une boulette, du genre comaque. Il vient de buter (enfin c'est p'tête pas lui, mais chut ma gueule) le plus gros caïd de la cité et c'est chaud pour sa tronche si on découvre qu'Armen a disparu. Du coup avec l'aide de sa nana, une styliste à bloc de froideur et de répliques cinglantes, il appelle son meilleur pote Romuald, et lui demande de faire disparaître le corps. D'aller l'enfouir en Bretagne. Une sorte de livraison spéciale, un peu comme une pizza de 90 kilos.
Bon scénar', véritable road comic entre Panam et St-Brieuc, une patte graphique qui fait toujours plaisir à revoir. Bref, que du bon quoi.
Re bonne surprise de la part d'Ankama, qui permet à la bédé indé d'être un peu plus accessible, de se procurer dans les meilleurs délais des perles de ce genre. Si la bière était ma cam' je lèverais donc mon verre à Cha et ses coupes de veuchs toujours aussi aléatoire, en lui promettant de faire un peu plus original que les fois où je l'ai croisée en lui balançant le sempiternel "j'adore ce que tu fais" et de se sentir con pendant deux semaines.
Oï !