Bora
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Pluto, c’est un peu comme si Isaac Asimov avait eu un rendez-vous secret avec Tezuka, et qu’ils avaient décidé de réécrire Astro Boy en polar noir sous la pluie battante. Naoki Urasawa et Takashi Nagasaki prennent un classique de la SF pour le plonger dans un bain d’émotions humaines, de dilemmes moraux et de mystères palpitants. Résultat ? Une œuvre aussi cérébrale que poignante, où les robots pleurent et les hommes doutent.
L’histoire démarre sur un meurtre. Et pas n’importe lequel : un robot d’élite, vénéré pour sa puissance et son rôle dans la paix mondiale, est retrouvé désactivé, dans une mise en scène sinistre. Enter l’inspecteur Gesicht, un robot-détective qui mène l’enquête tout en affrontant ses propres fantômes intérieurs (car oui, les robots dans Pluto ont une vie intérieure bien plus riche que la nôtre). Très vite, les crimes s’enchaînent et révèlent un complot qui dépasse de loin la simple vendetta : une réflexion sur la guerre, la tolérance et la frontière floue entre machine et humain.
Graphiquement, Urasawa déploie tout son talent : des visages d’une expressivité sidérante, des décors qui respirent une science-fiction réaliste, et une mise en scène qui vous tient en haleine. Chaque planche est un équilibre entre la froideur mécanique et l’humanité déchirante des personnages. Les scènes de tension sont magnifiquement rythmées, et les moments d’émotion, savamment dosés.
Mais Pluto, c’est surtout un récit qui creuse des questions existentielles : qu’est-ce qui définit un être vivant ? Les robots peuvent-ils ressentir de la douleur, de l’amour ou du deuil ? Et les humains, avec leur histoire pleine de guerres et de destructions, peuvent-ils prétendre être meilleurs ? La série explore ces thèmes avec une subtilité qui évite le prêchi-prêcha, préférant poser des questions plutôt que d’y répondre.
Le personnage de Gesicht est un bijou de complexité. À la fois figure d’autorité froide et âme torturée, il nous emmène dans les méandres d’une enquête où chaque réponse soulève de nouvelles interrogations. Les autres protagonistes – humains et robots – ne sont pas en reste, chacun apportant sa pièce au puzzle narratif et émotionnel.
En résumé : Pluto n’est pas juste une relecture d’un classique, c’est une œuvre à part entière, un polar futuriste qui marie intrigue haletante, réflexion philosophique et émotion brute. Urasawa et Nagasaki nous rappellent que les robots ne sont peut-être qu’un miroir, reflétant à la fois le meilleur et le pire de l’humanité. Une enquête dont vous ne sortirez pas indemne, mais ébloui.
Créée
le 6 déc. 2024
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