Japon, 2019. Mikio Hibino veut dessiner une œuvre d'horreur et est menacé par la censure, instaurée après un fait divers retentissant au Japon. Au début, son manga, Dark Walkers, risque juste un retrait des rayons, il reste disponible à la demande mais on comprend les possibles répercussions sur les ventes. L'éditeur suggère des remaniements qui font grincer des dents ; rendre la violence implicite, ne pas montrer de cadavre, j'en passe et des meilleurs. Ces compromis font tenir un moment le fil avant que cela ne s'intensifie. Dans Poison City, Tetsuya Tsutsui a choisi de montrer les choses, littéralement, puisqu'il n'y a pas vraiment de réflexions, les pensées du mangaka ne sont pas abordées, ou pas intéressantes. Il en résulte un manga divertissant mais qui ne va pas au bout des questions qu'il soulève. J'aurais aimé que ce débat de la liberté d'expression soit alimenté avec des arguments logiques et des études scientifiques sur l'impact des œuvres explicites sur le public. Étant étudiant en sciences humaines, je sais que des recherches ont été faites. La philosophie s'est aussi exprimé là-dessus. Par ailleurs, il y a quelques aberrations, l'oeuvre va un peu trop loin dans le manichéisme. En témoigne le programme de rééducation des auteurs nocifs qui va à l'encontre de la loi et de la censure. Quant au dessin, si les personnages sont réalistes, ils parlent régulièrement dans une case totalement blanche, avec des décors absents. Pour un support graphique, je trouve ça vite torché. Malgré quelques flottements, c'est un scénario prenant que nous fournit Tsutsui, tout passe par lui, ce qui a le mérite du dynamisme. J'ai même appris un fait historique des Etats Unis, l'époque du comics code authority (Le wikipédia vous tend les bras) Cela dit, à divers points de vue, je trouve ce manga bâclé. Bilan très mitigé pour ce Poison City.