Avec Poisons, Golo Zhao effectue quelque chose d’un peu moderne dans un paysage de la BD Chinoise encore très ancrée dans les traditions, et totalement éclipsé par les voisins Japonais et Coréens, en adaptant un fait divers, survenu dans la Chine rurale.
Une jeune élève de primaire, dont les Parents sont absents (sujet de fond de l’œuvre en pratique) est élevée par ses grands-parents. Plutôt mauvaise élève, elle se retrouve mise à l’écart des autres élèves de l’école et n’a pour compagnons que deux sœurs, souffrant d’un handicap mental léger, les seules à avoir des résultats inférieurs à elle.
La jeune élève est alors tiraillée entre le besoin d’avoir des amis et des contacts, ainsi qu’un socle rappelant qu’elle n’est pas la dernière en tout, et cette amitié toxique, la sœur ainée la battant régulièrement et se nourrissant dans les poubelles, l’écartant d’autant plus du reste de la société.
Cette situation fera ruminer la jeune élève jusqu’à l’irréparable, qui ressemblera pourtant à une délivrance et une libération.
C’est donc une thématique plutôt dure et difficile qui est présentée, alors même que le dessin fait franchement enfantin, d’autant plus renforcé par la police choisie pour les phylactères, qui semble fraichement héritée du roman jeunesse. On hésite donc sur les premières pages sur le ton franchement noir du récit, qui tranche avec la première impression.
Passé cet effet de surprise, il reste un tableau semblant fidèle bien que simple et simpliste de la rudesse de la vie scolaire en Chine, renforcée par l’absence et la précarité. Des difficultés issues ici du lointain mais qui conservent une résonance dans toutes les sociétés jusqu’à la nôtre. Un ouvrage à qui il manque un peu de profondeur et de finesse pour être indispensable mais qui n’en demeure pas moins agréable, ne serait-ce que pour expérimenter d’autres traits orientaux que ceux du manga.