Pour Maria entame un nouveau cycle dans les aventures de XIII qui se déroulera sur deux tomes. On retrouve là les quelques habitudes de récit sous forme de diptyque qu'affectionne Jean Van Hamme. L'histoire, pour peu qu'on veuille lui donner un petit pas de côté, est celle de la série qui ressemble le plus à une aventure de Largo Winch. Depuis mon incursion de l'univers de XIII, c'est la première fois que j'ai cette désagréable impression de sauce réchauffée. On file à XIII une nouvelle identité et l'on l'envoie se faire secouer dans de nouvelles péripéties un peu dingues au fin fond d'un pays de pacotille. Si on change de décor avec l'Amérique du Sud, on retrouve une ambiance militaire propre à d'autres titres et, surtout, des situations et des visages qui ne nous sont pas étrangers.
D'emblée, certaines ficelles semblent bien grosses et la présence de Felicity Brown dénote. À force de vouloir élargir son champ de personnages tout en les reliant à des précédents, Jean Van Hamme finit par y aller fort sur le tissage. Et envoyer XIII régler à lui tout seul une affaire de révolution dans une dictature installée par l'Oncle Sam, c'est vraiment fort de café. Reconnaissons cependant à Jean Van Hamme cette capacité à continuer à utiliser des thèmes chers à la culture américaine. Cette histoire, on la déjà vue des dizaines et des dizaines de fois dans des films d'action des années 70 ou 80 ou dans des séries de la même époque. Aussi, si on sort pas des clichés, c'est aussi parce que le scénariste s'en amuse avec délectation. Ainsi, même si l'histoire semble se répéter, elle a le mérite de renouveler son contexte et les enjeux qui la motivent.
Dans ce tome où chacun tisse sa toile pour mieux tromper l'autre, on comprend vite que XIII, comme lors des épisodes précédents, va se faire avoir et on le quitte, à la dernière page, dans une vilaine gêole. Tout cela manque cruellement de surprises et les différents personnages qui semblent jouer double jeu sont trop vite identifiables. Le récit reste cependant très agréable à lire, c'est cohérent, fluide et sans temps mort. Le dessin de William Vance fait le reste en créant une atmosphère très réussie. On regrettera cependant que de nouveaux personnages apparaissent sous des traits très similaires à d'autres personnages vus dans d'autres tomes. En clair, on continue de marcher mais c'est le premier tome de la saga qui semble annoncer qu'il ne faudra pas en faire dix de plus (sic).