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Pourvu que les bouddhistes se trompent, dernier tome de Blast par Manu Larcenet, c’est un peu comme une ultime confession avant l’abîme. L’errance de Polza Mancini touche à sa fin, et avec elle, une épopée qui a jonglé entre la laideur crasse et la beauté déchirante. Prépare-toi à être mal à l’aise, fasciné, et à te demander si le bouddhisme a vraiment tout compris à la réincarnation.


Ce quatrième tome clôt magistralement cette descente dans les profondeurs de l’âme humaine. Polza, toujours aussi massif, aussi tourmenté, déroule le fil de ses souvenirs face aux enquêteurs. La question centrale reste la même : qu’a-t-il fait à Carole ? Mais ici, ce n’est plus seulement une question de culpabilité ou d’aveux, c’est une véritable autopsie mentale où la folie côtoie le sublime. Et comme d’habitude, Larcenet ne te laisse aucune échappatoire : tu restes là, accroché à chaque mot, à chaque image, avec ce poids au ventre qui ne te quitte pas.


Le dessin, noir et blanc, est toujours aussi brut et magnifique. Larcenet alterne entre des cases épurées, presque banales, et des explosions visuelles hallucinatoires qui te frappent comme un Blast en pleine tronche. Les paysages mentaux de Polza, métaphores de sa souffrance et de sa quête de sens, sont tout simplement stupéfiants. Chaque page est un rappel que Larcenet est un virtuose du contraste, capable de passer de l’horreur à la poésie en un coup de pinceau.


Côté narration, c’est du grand art. Les dialogues sont d’une précision chirurgicale, et la structure du récit, mêlant interrogatoire et flashbacks, garde une tension constante. Mais ce tome pousse encore plus loin l’introspection : Polza n’est plus seulement un témoin de sa propre déchéance, il devient le miroir de nos propres contradictions. Sa quête de liberté, d’absolu, finit par poser cette question : où commence la monstruosité, et où s’arrête l’humanité ?


Le seul bémol, si on veut chipoter, c’est que la noirceur constante pourrait en rebuter certains. Blast n’est pas une série qui offre des réponses faciles ou des rédemptions éclatantes. Ce dernier tome est à l’image des précédents : implacable. Ceux qui espéraient un soupçon de lumière dans cette nuit oppressante risquent de rester sur leur faim. Mais pour les autres, c’est une conclusion aussi brutale que magistrale.


En résumé : Pourvu que les bouddhistes se trompent est une fin à la hauteur de cette série hors normes, un ultime uppercut qui te laisse groggy mais reconnaissant d’avoir vécu cette expérience. Une œuvre d’une puissance rare, où le désespoir se fait art et où chaque page est une leçon d’humanité… ou de ce qu’il en reste.

CinephageAiguise
8

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Créée

le 26 nov. 2024

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