Après ma découverte de titres géniaux comme Scalped, Soldat Inconnu, Flex Mentallo, ou encore Top Ten je me suis retrouvé face à trois séries à commencer dans ma bibliothèque. Fables, DMZ et donc 100 Bullets. J’avoue avoir longuement hésité sur le titre à choisir. Certain cependant d’apprécier ma lecture vu que la qualité des titres cités plus haut. C’est donc plein d’entrain que je me suis lancé dans ce premier tome de 100 Bullets « Première salve ».

L’impassible Agent Graves a une proposition à vous faire : dans la mallette qu’il vous confie, la photo de votre pire ennemi et le nécessaire pour vous en débarrasser : une arme, 100 munitions totalement intraçables et l’assurance d’une totale immunité. Dizzy la délinquante, Dolan, barman sur le retour, et Chucky, joueur invétéré, vont-ils tour-à-tour saisir cette chance unique de rayer de l’équation la personne qui a fait de leur vie un enfer ?

Avec un tel résumé de présentation, mon envie de lire ce titre fut multipliée. Je commence donc avec l’histoire de Dizzy, petite délinquante qui va se retrouver libérée de prison. Durant son séjour elle a perdu son mari et son petit garçon. L’agent Graves l’attend à sa sortie avec cette fameuse mallette. Pistolet, balles et l’identité des assassins de sa famille. La question est vite pliée selon moi au vue du passif de la jeune Dizzy. C’est sombre, peu surprenant sur le cheminement de l’histoire, du très bons dialogues bien marrant par moment (explosé de rire avec la partie sur le transsexuel^)

Puis une deuxième histoire un peu plus courte et encore plus sombre, plus noire. Dolan barman déchue de sa belle vie de rêve se retrouve à travailler dans un bar miteux, entouré de véritables rebus de la société. A son tour il va avoir la visite de l’agent Graves. Même mallette, même contenu, même déroulement mais fin totalement différente. Comme si Azzarello s’amusait avec la détresse, la misère de ses personnages. Un semblant de début d’intrigue.

Mais on enchaine avec une troisième histoire. Et ce qui aurait pu être un début d’intrigue n’a plus sa place ici. On y suit Chucky, looser de Las Vegas, qui se complaît dans sa vie pitoyable. Même schéma : Agent Graves, mallette, réflexion sur ce qu’il doit faire et passage à l’acte.

Trois histoires et trois fins différentes. Un survivant, un mort et une fin où on ne sait pas. Et pour le moment rien pour relier les histoires ensembles hormis l’agent Graves et sa mallette. Des personnages qui sont là pour leur histoire et puis basta. Difficile dans tout ça de se faire une idée. Car si on ne devait s’arrêter qu’au premier tome et bien le constat ne serait pas reluisant. On a l’impression d‘assister à trois épisodes d’une de ces séries policières américaines où les épisodes n’ont pas de liens entre elles hormis les acteurs principaux. Heureusement l’ambiance, la noirceur que dépeint Azzarello m’interpellent, j’aime ce genre d’ambiance, quand le scénariste appui là où ça fait mal. Lorsqu’il montre la misère humaine, celle que l’on ne veut pas voir dans la vraie vie. J’aime la façon dont il tourmente encore davantage ses personnages en leur offrant ce choix si difficile.

Et nous, que ferions nous à leur place, car c’est un peu le but aussi de cette histoire. Et on se pose d’autant plus la question que la médiocrité et la précarité des vies des personnages à qui cela arrive sont si bien retranscrite, on les ressent si bien, que l’on se pose la question : « A leur place, je tire ou pas ? » Tout nous pousse à dire oui, surtout lorsqu’on voit ce qui arrive à celui qui dit non.

Les dessins sont signés Eduardo Risso et là aussi c’est difficile d’accès. Le style de Risso semble assez simpliste et très original, très caractéristique. Mais c’est une atmosphère glauque très réussie qui colle parfaitement à l’univers, à l’ambiance que transmet Azzarello. Les visages sont très expressifs, souvent hargneux, mauvais, en colère, comme le serait toutes personnes dans leur situation. La mise en page est bien foutue avec beaucoup de cadrages différents.

Bref, pour moi ce premier tome n’est pas à la hauteur de l’idée, très forte, de départ. Il faudra voir si le tome 2 s’en rapproche ou non. Le lecteur n’a rien à quoi se rattacher, on suit trois histoires sans lien entre elles. Et c’est dommage car comme je l’ai dit l’idée de base est juste géniale : « Que feriez-vous si vous pouviez tuer la personne qui a détruit votre vie ? » Les dessins ne permettent pas non plus de rentrer tout de suite dans l’histoire. J’apprécie cependant énormément la vision sombre et sans espoir que nous fait vivre Azzarello et sa capacité à nous la faire ressentir également.
Romain_Bouvet
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Urban Comics est un ennemi de mon banquier!

Créée

le 14 déc. 2013

Critique lue 374 fois

1 j'aime

Romain Bouvet

Écrit par

Critique lue 374 fois

1

D'autres avis sur Première salve - 100 Bullets (Panini), tome 1

Du même critique

Batman : Silence
Romain_Bouvet
4

Trop d’étalages!

Batman Silence ! Le run de 12 numéros du duo Jeph Loeb et Jim Lee, ou comment essayer de faire intervenir le plus de personnages possibles en un court laps de temps. C’est la première chose que l’on...

le 13 déc. 2013

18 j'aime

5

Le Deuil de la famille - Batman, tome 3
Romain_Bouvet
3

Un Joker qui n'en a que le nom, un Batman qui n'en est pas un...

À peine remis de son éprouvant combat contre la Cour des Hiboux, Batman voit revenir son pire cauchemar, le plus terrible de ses adversaires : le Joker ! Et cette fois-ci le Clown Prince du Crime est...

le 14 févr. 2014

17 j'aime

4