Des étudiants. Anna est au conservatoire, rencontre Alexis qui se rêve écrivain. S'ensuit la rencontre avec le colocataire Félix, lui étudiant en sciences. De fil en aiguille, c'est une histoire d'amour qui se tisse, s'entrelace entre les trois personnages. Des garçons, ils se sont jurés de ne rien tenter, de conserver leur amitié et pourtant... Felix cède, ne parvient pas à respecter le pacte signé.
Du monde des étudiants, on valse un peu trop rapidement vers celui de l'adulte. Difficile alors de comprendre qu'il y a eu un bond dans le temps. Aucune différence faciale pour les personnages, ni même vestimentaire. Je relis une seconde fois la planche précédente, et comprends enfin que des années se sont écoulées. Au delà de de souci vis à vis du tracé des personnages, les planches arborent des tons jaunes, orangés, violines, donnant l'illusion d’un rêve.
Vie de couple. Problèmes de couple. On effleure rapidement ces problématiques pour se concentrer sur autre chose, sur cet élément indiqué au début de la bd - une révolution technologique, un moyen de contourner ou plutôt contrôler la maladie. La dégringolade se nomme Nanopills. Une gélule à avaler. Un gps qui s’accroche au corps, devient l’alerte de chaque dérèglement qui clignote aussitôt sur le smartphone. Trop de vin aujourd’hui. Trop de viande. Une vague de stress. Attention à ceci. Regardez cela. Voyez-vous la mort qui se profile au bout du chemin ?
La Nanopills pose la question de la technologie, de son débordement. A trop vouloir le contrôle, c’est l’obsession qui en découle. Maîtriser sa consommation, son stress, son environnement. Ne plus être capable d’agir sans obtenir l’accord préalable des informations clamées sur un écran. A vouloir le contrôle, Felix en devient l’esclave de sa propre invention. Torturé des informations qu’il voudrait inverser. La peur de la maladie. De la mort. La crainte de voir l’autre partir se répercute sur Anna. Contrôler la vie de l’épouse. Lui dicter des règles : un appartement dans un autre endroit - ne pas prendre ce transport mais un autre - ne plus manger ceci mais cela. La vie est diabolisée, n’en devient que souffrance pour celui qui espérait aider autrui.
Une belle réflexion sur la science, ainsi qu'à propos de la technologie qui grappille de plus en plus rapidement des parcelles de nos vies.