Lire The Manhattan Projects en France aura relevé de l’exploit. Après la publication d’un premier tome avec les quatre ou cinq premiers numéros chez Delcourt Comics, la suite n’est jamais venue ! Quelques années plus tard, nous apprenions qu’Urban Comcis reprenait le titre. Le premier tome n’aura de cesse d’être repoussé encore et encore. Une véritable Arlésienne du comics.
Après une longue attente, le premier tome, de dix épisodes cette fois, sort enfin chez Urban Indies, dans un grand format de toute beauté !
Quel plaisir de pouvoir enfin replonger dans cette incroyable œuvre ou fiction et Histoire se côtoient, signé par l’inégalable Jonathan Hickman !


Octobre 1983. Le président Roosevelt reçoit une lettre d’Albert Einstein l’informant que, dans quelques mois, les nazis pourraient disposer de la bombe nucléaire. Suite à cette révélation, le président américain décide la création du Projet Manhattan et rassemble les plus grands esprits scientifiques en vue de devancer l’adversaire. Voici pour l’histoire officielle… Et s’il ne s’agissait que d’une partie de la vérité ? Et si le Projet Manhattan avait servi d’écran pour occulter la création de nombreux autres projets encore plus fous ? Et si la bombe atomique n’était que la plus modeste de leurs créations ?
(Contient les épisodes #1 à 10)


The Manhattan Projects, comme certains comics, beaucoup de Jonathan Hickman, qui sont difficiles à aborder lorsque l’on fait une review. Non pas que le titre soit mauvais, bien au contraire, j’ai pris un pied pas possible à cette lecture, mais parce que cela part dans tous les sens ! Le genre de série où Jonathan Hickman laisse libre court à son imagination sans appliquer le moindre filtre, la moindre retenue. Comme s’il abordait une page blanche, et qu’il laissait son cerveau partir dans tous les sens pour la noircir.


L’intrigue, les intrigues de Jonathan Hickman prennent comme point de départ le Projet Manhattan. Le grand rassemblement d’esprits scientifiques qui ont œuvré à la création des deux dramatiques bombes qui ont été largué sur Hiroshima et Nagasaki. Hickman, part du principe, pas si stupide que cela, que de tels génies, œuvrant ensemble, n’ont pas pu ne pas se pancher sur d’autres questions plus pointues qu’une simple bombe, sur d’autres sujets moins cartésiens qu’une réaction nucléaire.


Si Hickman, comme beaucoup de personnes, pensent que d’autres choses se sont produites au sein des murs du Projet Manhattan, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’y va pas de mains mortes comme vous allez le découvrir.


On comprend très vite que le Projet Manhattan, chapeauté par le général Leslie Groves, va très vite s’éloigner de l’Histoire pour nous raconter sa propre histoire. Notre intrigue commence avec l’arrivée, à la tête des scientifiques, Robert Oppenheimer, l’un des plus grands physiciens que le monde ait porté !


Ce que Groves ne sait pas, c’est qu’il s’agit en fait, non pas de Robert Oppenheimer, mais Joseph, son jumeau. Ce dernier a littéralement mangé son frère pour être toujours auprès de lui et assimiler son savoir, ses souvenirs et toutes ses connaissances ! D’emblée, le ton est donné ! Ce n’est pas le pire, puisque l’on va découvrir, qu’au sein de sa tête, une lutte fratricide se déroule entre Joseph et ce pauvre Robert, bien décidé à prendre le contrôle d’Oppenheimer !


Bien entendu, il n’y a pas que Oppenheimer dans le Projet Manhattan. On retrouve Alfred Einstein ! Un Alfred Einstein drôlement accroc à la bouteille et particulièrement en retrait vis-à-vis des autres scientifiques, il faut dire que depuis qu’il a ouvert une étrange porte unique, il n’est plus tout à fait le même. On peut rajouter un Enrico Fermi qui cache un effroyable secret, un Harry Daghlian qui a finalement survécu à son incident avec le Plutonium et un Wernher von Braun qui a bien du mal à conserver son corps dans un état « normal », devenant plus robot qu’humain. Il n’y a bien que Richard Feynman qui soit à peu prêt normal dans cette zone ultra secrète !


Et ne parlons pas des hommes politiques, quand on voit que Franklin Roosevelt devient une intelligence artificielle, que Harry Truman est adepte d’une secte plus proche de l’orgie généralisée qu’autre chose, et Dmitri Oustinov n’est qu’un cerveau dans un bocal !


Les intrigues propres aux personnages, (le duel cannibale des Oppenheimer, le secret de Einstein, celui de Fermi, la rébellion des présidents américains…) prennent beaucoup de place, et sont terriblement intéressante mais il y a aussi la menace extraterrestre qui s’avère très dangereuse et le plan secret de Joseph Oppenheimer en fil rouge pour que le lecteur ait toujours quelque chose pour le tenir en haleine.


Le récit de Jonathan Hickman n’a pas le moindre temps mort. On ne cesse d’être surpris pour les différentes révélations sur les personnages, sans cesse de nouvelles intrigues, sans cesse le lecteur est pris à défaut, toujours un nouveau rebondissement, toujours l’envie de surprendre avec très souvent des références historiques, dans ce chaos incroyable, délirant et passionnant, avec l’arrivée de personnages historiques, comme la chienne Laïka, le président Kennedy ou Yuri Gargarin. Personnellement je n’ai pas réussi à décrocher une seule seconde.


Graphiquement, le travail de Nick Pitarra est juste incroyable ! Les personnages sont superbement bien designés, les scènes sont d’une grande richesse au niveau des détails. Et il faut dire, en plus, que l’artiste américain a beaucoup de choses toutes plus délirantes les unes que les autres à illustrer ! Cannibalisme, lutte à l’intérieur d’un cerveau, extraterrestres, hommes bioniques, des décors incroyables ! C’est bien simple, on ne sait plus où poser nos yeux !


Tout est là, l’ambiance parfois oppressante, parfois gore, parfois de science-fiction, parfois scientifique. On est emporté à chaque fois ! Le travail sur les personnages est excellent, déjà par leur approche personnelle à chacun, comme dis plus haut, mais c’est vraiment un travail de fou sur chacun d’entre eux. On sent que l’artiste s’est fait plaisir à sombrer dans la folie de Jonathan Hickman.


Notons également, que les couleurs de Jordie Bellaire sont magnifiques et collent à merveille au travail de Nick Pitarra.


Bref, The Manhattan Projects est sans doute la plus belle caricature de la théorie du complot ! Jonathan Hickman décide d’ouvrir les vannes de son imagination débordante et elle ne semble n’avoir aucune limite. Le résultat est un récit incroyable, complètement fou, passionnant, mais tellement bien écrit et intelligent. Vivement le tome #2, en espérant qu’il ne se fasse pas autant attendre que le premier.

Romain_Bouvet
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le 16 juil. 2018

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Romain Bouvet

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