Pyonyang est la capitale de la Corée du Nord. Elle est donc source de fantasme tant le pays le plus fermé du monde intrigue, questionne ou inquiète. Pyongyang est le titre d’un ouvrage scénarisé et dessiné par Guy Delisle. J’avais eu l’occasion de découvrir cet auteur à l’occasion de ma lecture de Le guide du mauvais père. J’avais trouvé cet ouvrage drôle et plein de justesse. C’est donc avec curiosité que j’entamais la découverte de cet opus « nord-coréen » à la thématique originale.
L’histoire se construit sur une structure biographique. Le personnage principal est amené à passer quelques mois à Pyonyang dans le cadre professionnel. Il intervient dans l’accompagnement des locaux sur un projet d’animation. La narration débute par son arrivée à l’aéroport. Elle ne le quitte pas les pas du héros dernière page. Le héros étant également le narrateur, il offre un ton de chronique à la lecture. Il offre une perspective très intéressante à son immersion d’occidental dans un univers surréaliste sur de nombreux aspects.
La dimension documentaire de la lecture est évidente. Sa description du quotidien et du fonctionnement de cette société si mystérieuse et source de fantasmes est passionnante. Chaque événement aussi futile soit il en apparence s’avère captivant. Une fois accepté que tout ce qui se trouve dans le livre est réel, la lecture s’avère plein de surprises que j’ai toutes savourées avec plaisir. Je trouve toujours intéressant de découvrir l’Histoire à hauteur d’homme. Quand cet angle narratif est joliment exploité, il donne lieu à une immersion forte et propose une lecture de grande ampleur. C’est ici le cas.
Le lecteur suit le parcours du protagoniste principal durant plusieurs mois. Son temps passé à l’hôtel, ses visites touristiques, ses relations professionnelles… Son quotidien est routinier donc son entourage se résume finalement à un petit nombre de personnes. Ces derniers nous deviennent rapidement familier. On en vient les comprendre quelque soit leurs origines, leurs valeurs ou leurs modes de pensée. L’auteur arrive à faire exister les différents protagonistes avec subtilité, chacun apport son écot tant au scénario en lui-même qu’à l’atmosphère qui accompagne son déroulé.
Côté illustration, le trait caractéristique de Guy Delisle s’accorde parfaitement avec le ton et la thématique de l’histoire. Les couleurs blanches, noires et grises qui habillent chaque page mettent en valeur les textes et leurs messages. Malgré certaines réalités durent à accepter, le narrateur utilise toujours un ton bienveillant, apaisé et curieux. Plutôt que de dénoncer de manière agressive une société, il fait le choix de la faire découvrir au lecteur. Charge à lui d’en tirer ce qu’il veut.
Pour conclure, j’ai vraiment apprécié ma lecture de Pyongyang. Je l’ai trouvé divertissante, captivante et enrichissante. Je la conseille donc à tous ceux qui souhaiteraient en savoir davantage sur le quotidien nord-coréen ou qui voudraient découvrir le travail de Guy Delisle. Dans les deux cas, vous ne regretterez pas votre choix…