Huit sur dix pour le plaisir intact à me relire régulièrement ces chroniques diplomatiques (le second tome, du même accabit, est compris dans cette critique et dans cette note) et parce que c'est à véritablement se taper le cul par terre à chaque fois. En BD, il n'y a guère que Calvin et Hobbes pour avoir également sur moi une telle rentabilité déridante.
Le dessin n'est pas de la première flamboyance, du moins au premier regard (je le dis pour ceux qui découvrent Christophe Blain, artiste que j'estime beaucoup, et qui peuvent avoir un réflexe de défiance). Parce qu'il colle on ne peut mieux au rythme et à l'univers du récit. Et devient même un levier comique indispensable : il n'y a qu'à voir les gestes saccadés d'Alexandre Talliard de Worms, vrai-faux sosie de Villepin, les flèches noires filant de son regard vers l'objet de sa colère, ses épaules qui se rebiffent, les tapages de tête sur bureau d'un de ses collaborateurs, les visages essoufflés de son équipe qui essaie de courir après ce monument de culture et d'absurde, d'action et de folie, qu'est ce ministre lancé tête baissée dans la diplomatie internationale. Les métaphores Star Warsiennes, mythologiques (les passages en minotaure sont à tomber) ou X-Oresques marchent à la perfection.
Et l'on découvre ces palais dorés ou aériens et vitrés (à New York) où se jouent l'avenir du monde, l'infatigable facteur humain avec son corollaire d'orgueil qui influe sur les directions prises par les "puissants", la vanité hypnotique de ce petit monde frénétique.
Pas de bémol, donc, et du rire à pleine louche. Une de ces BD dans lesquelles on se sent bien.