La Première Guerre mondiale s’est arrêtée prématurément face à une invasion de vampires. La civilisation s’effondre peu à peu à mesure que de nouvelles horreurs apparaissent. Pourtant, certains se dressent contre ces créatures de cauchemar, comme Lord Baltimore, bien décidé à se battre jusqu’au bout.
Cette critique couvre toute la série.
Mike Mignola a réussi l’exploit de remettre au goût du jour l’œuvre de Lovecraft en la personnalisant et en lui donnant de délicieux accents gothiques. Après l’immense succès de Hellboy et ses séquelles (Abe Sapiens et B.P.R.D.), Mignola revient en 2011 avec un opus du même genre sur un nouveau héros.
Pourtant, ce qui frappe avec Lord Baltimore est son absence d’originalité. Le héros torturé cogne d’abord et discute ensuite s’il est de bonne humeur. Il est indestructible et abuse insolemment de cette invincibilité pour se jeter à corps perdu sur ses ennemis. Enfin, lui aussi attend la mort comme une récompense. Chez lui également sa noblesse n’est qu’un titre, car il se comporte vraiment comme un gueux. Toute ressemblance avec un demi-démon rouge bien connu est clairement voulue. Le monde ensuite, est franchement similaire. Un dieu ancien, mais dépourvu de tentacules, cherche à revenir sur Terre grâce à ses adorateurs et libère des hordes de monstres très communs (des vampires et des loups-garous !). La ressemblance peut paraître carrément grossière.
Cependant, ce n’est pas un sous-hellboy. Lord Baltimore réussit à se démarquer par une enquête soignée dans un monde apocalyptique où les poches de civilisation disparaissent lentement. L’ambiance du début du XXème siècle est très bien rendue, entre préjugé et insouciance. L’histoire possède également un mysticisme délicat qui change de l’habituel occultisme baroque. La dépression du héros est contrebalancée par ses camarades, tous réellement courageux. Enfin, il y a moins de super-pouvoirs, ce qui rend les aventures d’autant plus épiques. Seule la fin est attendue, convenue et finalement décevante. Mais il aurait été malvenu de balayer encore une fois l’humanité…
Les inévitables changements de dessinateur ne nuisent pas trop au graphisme qui garde une certaine unité austère et sombre. Il aurait tout de même été préférable de conserver le style ancien de Ben Stenbeck tout au long de la série.
Lord Baltimore vaut le détour pour sa succulente ambiance gothique, son enquête enchevêtrée et ses méchants finalement très humains. C’est sombre, très sombre, mais également très déterminé. Pour les amateurs de poésie rugueuse.