Quarantaine - Lord Baltimore, tome 1 par Richie
Lord Baltimore, capitaine d'infanterie britannique de la première guerre mondiale, voit son escadre décimée par une horde de vampires affamés. Dans les heures qui suivent, toute l'Europe est frappée par une terrible peste qui met fin à la guerre. Attention, cette peste est du genre à vous transformer en zombie.
Parce que Baltimore est persuadé qu'il est intimement lié à cette apocalypse, parce qu'il a perdu une grande part de son humanité sur le champ de bataille, il va se lancer dans une guerre personnelle contre la racaille zombie et vampire qui infeste son époque.
Ce tome est une introduction, une présentation de ce personnage damné et charismatique. A la fois soldat et gentleman, avec son harpon et sa jambe de bois, Lord Baltimore incarne un héros de son temps : romantique et maudit. D'ailleurs entre la thématique et le personnage, comment ne pas penser à Poe ou Lovecraft ? Sauf que pour une fois, le fantastique gothique est ici intégré à notre paysage et mythologie européenne. Car ce premier tome est aussi l'occasion d'un voyage en Méditerranée, qui commence à Villefranche sur Mer pour se poursuivre en Corse, à Furiani. Un décor très atypique pour un comic book et qui donne beaucoup de charme à cette uchronie fantastique.
Mike Mignola, papa d'Hellboy et du BPRD, crée avec Christopher Golden, une histoire originale. C'est important de le signaler. Aujourd'hui peu d'auteurs de comics se lancent dans la création de nouveaux personnages et d'univers différents. C'est prendre beaucoup de risques dans le contexte actuel de l'édition. Et pourtant, cela fonctionne admirablement.
Certes, on pourrait reprocher à Mignola de faire du neuf avec du vieux (« Vampires et zombis allemands, ce n'est pas très original... », ou, « Des Zeppelins et des scaphandriers ? Encore un qui surfe sur le steam punk... »). Mais c'est sans compter avec la patte de ses créateurs. Ces histoires là sont digérées pour en faire un univers unique, très « mignolesque ».
De bonnes idées donc, d'autant qu'elles sont bien servies par les dessins de Ben Stenbeck. Si l'on sent l'influence de Mignola sur son trait, le dessinateur a la capacité de composer des planches simples et sublimes, qui mettent en valeur aussi bien le côté narratif que descriptif. Les couleurs de Dave Stewart finissent d'accroître le côté immersif d'une des meilleures BD de cette année.