Quartier lointain par AGipsySpirit
Après avoir vu l'adaptation française au cinéma il y a deux ans (un bon film, sans être excellent), j'ai enfin décidé de me lancer dans l'oeuvre originale du mangaka Jiro Taniguchi.
Je suis une néophyte dans l'univers du manga. En réalité, avant Quartier Lointain, je n'avais lu que l'excellentissime Death Note. C'est d'ailleurs sans doute par sa grande qualité que j'ai hésité avant de lire un autre, par crainte d'être déçue certainement.
Les voyages dans le temps ont souvent été traité, que ce soit en science-fiction ou dans le domaine du fantastique, dans les livres ou au cinéma, les excursions temporelles sont l'un des sujets les plus utilisés (usés?) dans le domaine culturel. Pourtant, malgré qu'un sujet ayant été traité tellement de fois puisse passer pour quelque chose de peu original, Jiro Taniguchi arrive ici à renouveler le genre. Hiroshi, 48 ans, père de famille, finit souvent ses journées dans le whisky pour fuir ses problèmes. En rentrant chez lui après un déplacement professionnel, il se retrouve dans la ville de son enfance, et encore plus incroyable, il retrouve ses 14 ans. Ici le voyage dans le passé n'est que prétexte à sublimer la vie. La vraie vie. En effet, avec Taniguchi, point d'aventures étourdissantes (si on excepte évidemment le retour à l'après-guerre au Japon). Il parle ici de la vie de tous les jours, y accordant une importance particulière car comme l'auteur le dit lui-même, dans nos vies existe tout un tas d'incertitudes. Il voit l'extraordinaire là où beaucoup verraient une banalité insipide. Hiroshi a donc une deuxième chance de profiter de son adolescence, mais cette fois, avec une conscience d'adulte, ainsi, cette conscience qu'il prend du passé lui permet une introspection. Sa crise de la quarantaine fait écho à la crise d'adolescence dans une quête de lui-même.
Taniguchi a créé un vrai chef-d'oeuvre subtil et plein de poésie. Les cases font très "storyboards" et il est aisé de comprendre pourquoi le roman graphique a été adapté au cinéma. Les cases ont aussi un vrai sens scénaristique lorsque le récit bascule d'époque. Les traits du dessin de Taniguchi sont évidemment représentatifs du manga mais on peut clairement y voir aussi une grande influence de la BD européenne. De quoi faciliter la lecture pour tout débutant dans l'univers du manga (d'ailleurs, le sens de lecture est occidental).
Léger bémol, les premières pages sont en couleurs, le reste en N/B. Si de base, cela ne me gêne absolument pas, cela m'aurait sans doute permis de mieux saisir l'atmosphère et les caractéristiques (architecturales, vestimentaires, etc.) du japon d'après-guerre.
A savoir: Le manga a reçu de nombreux prix dont le prix du meilleur scénario au Festival d'Angoulême en 2003.
C'était déjà difficile de lire d'autres mangas après Death Note, ce le sera encore plus après celui-ci! Je ne fais que commencer l'exploration des mangas de Taniguchi. Je recommande tout de même l'emprunt. Le prix de l'intégrale (25 €) peut rebuter ce que je comprends parfaitement. Sauf dans le cas où vous aimez les oeuvres de l'auteur évidemment. En gros n'imitez pas mon impulsivité même si je ne regrette évidemment pas mon achat puisque je relirai sans doute plusieurs fois Quartier Lointain.