Mattéo, d'août à septembre 1936, pas de château en Espagne mais des bastions plus improbables qu'imp

Thématique Gibrat à lire avec extraits sur : http://branchesculture.com/2017/12/11/les-gens-honnetes-matteo-4-jean-pierre-gibrat-bd-litterature-formidable-cadeaux-fin-annee/


Collioure, c'est un décor de rêve.  La mer à portée de rêve, l'amour à portée de lèvres... enfin, plus vraiment. Mattéo est fou de Juliette qui, elle, semble se désintéresser de lui, happée par les exploits guerriers de son frère d'adoption. Car oui, loin de la quiétude de Collioure bientôt chahuté par le retour en morceaux et en vrac de sa valeureuse jeunesse. Mattéo n'a pas de quoi s'en faire, il est espagnol, fils d'un anarchiste parti trop tôt. Oh, ce n'est pas tant cela qui allait lui donner envie de prendre les armes, au contraire de son esprit têtu et prêt à tout pour épater Juliette. C'est ainsi que Mattéo a pris la route des champs de bataille, parsemée de personnages hauts en couleur.


Avec la sortie de ce quatrième épisode, c'est l'intégrale de la série que j'ai voulu découvrir. Et là encore, Gibrat m'a scotché, ému, passionné. Parce que la guerre, il la fait avec une pincée d'amour-haine et encore et toujours des lettres, celles que là aussi les personnages s'envoient ou celles qui bénissent de tous leurs pouvoirs cette BD aux dessins fabuleux. Mattéo, c'est une cartographie de la guerre qui s'implante dans différents pays selon diverses raisons mais ne laisse personne indemne. Et comme  Mattéo, privé d'amour, est libre comme l'air, il va aller voir la première guerre mondiale avant de s'échapper vers la révolution russe, de vivre le bagne (épisode éclipsé par Gibrat), de revenir au calme et au pays dans une France redevenue insouciante, ou plus ou moins, et de repartir de plus belle en Espagne. Celle de 1936, où la guerre civile prend ses marques dans la confusion générale.


Mattéo se faufile, il a vieilli mais n'a rien perdu de ses poussées libertaires et de ses rêves utopiques (vraiment ?). Moins bavard mais pas moins rocambolesque (une traversée du désert mais pas sans liquide qui se révèle être un moment d'anthologie hilarant), conjuguant le comique de situation à des personnages décidément inébranlables, Gibrat fait une nouvelle fois alchimie entre ses mots de poètes et ses dessins de maître, faisant souffler un peu plus un vent épique. C'est de bout en bout magnifique et guère vain.

Créée

le 11 déc. 2017

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