J’aime Leiji Matsumoto. Je garde un souvenir émerveillé d’Albator 78. J’aimais ce pirate courageux et tristounet, intègre et bienveillant. La récente découverte du manga me laissa pantois : l’équipage de l'Atlantis s’y révélait être un ramassis d’alcooliques incapables, et les Terriens des lâches abrutis... Admettons.
Émeraldas va plus loin encore dans la solitude mélancolique et l’orgueil solipsiste. Seule, elle erre dans l’univers infini. Sa quête nous est inconnue. Elle n’aspire qu’à la seigneurie unique et incontestée de son territoire, réduit à son vaisseau. Elle ne respecte que ses égaux, Albator et le jeune Hiroshi Umino, ceux qui ont risqué leur vie pour réaliser leur rêve. Si Albator combat des armées extraterrestres à coup de méga-canons, Émeraldas défie d’obscurs tyrans locaux, autant de tueurs qu’elle affronte et abat froidement d’une touche de son épée-laser. Ce recueil n’est qu’une longue série de rencontres, brutales, tragiques et répétitives.
Le Queen Émeralda, son fabuleux navire, n’apparait qu’au tiers de l’ouvrage, une attente qui le magnifie. Il associe une coque de vaisseau du XVIIe siècle à une structure de Zeppelin, pourquoi pas. Que garder de cet interminable manga ? Une succession de magnifiques dessins. Leiji Matsumoto excelle dans les scènes spatiales, associant ses fameux cadrans lumineux à de lointaines à d’inaccessibles nébuleuses. Tout y est froid.
PS Le titre est pour Piero