Une caricature qui enfonce les portes ouvertes et se révèle tristement peu incorrecte

La couverture me fait mal aux yeux, le coloriste s'est lâché dans ce qui faisait de plus flashy et de "photoshopé", je lis le sous-titre "Quenelle en haute-mer", splendide, j'ouvre la première page...

Ah ça s'améliore sur le graphisme, on trouve un style un peu ligne claire qui, il est vrai, rappelle les BD des éditions Bamboo de tristes mémoires, le style s'avère lisible et n'a plus le côté ultra-photoshop de la couverture, bravo Zéon, ton labeur vient de filer l'unique point positif que j'ai trouvé au livre.

Le reste, c'est mauvais, la BD a été faite au niveau du scénario par Soral et Dieudonné qui se lancent le défi de saturé chaque case de mille et une référence mises en place de façon chaotique, on sent leur envie de "choquer l'bourgeois", mais ce dernier se fera plutôt chier, les vannes vont de celle qui vous feront sourire à celle où vous vous demanderez si c'est bel et bien de l'humour, la BD contient tellement d'aléatoire dans le chaos que cela en devient gras (t'en a plein les mains et c'est dégueulasse), bourratif (t'a plus faim et tu dois encore en reprendre)...

Mais l'intérêt de cette BD n'est pas l'humour tant qu'il semble être mais de faire réagir le lecteur sur sa pathétique existence de larve agenouillé devant les méga-corporations qui contrôlent le monde/les bourgeois (forcément bohèmes) exploiteurs du peuple/les nouveaux chiens de garde de ma pomme/les élites menant la pensé et imposant à tout va/la boulangère au coin de la rue qui dit jamais bonjour. Et tout cela en 44 pages, vous sentez déjà ce que cela va donner.

On a donc droit à des caricatures qui manquent d'imagination, c'est terrible comme elles sont pauvres, je fais référence au mafieux russe (plus cliché que dans Max Payne 2, c'est dire, il ne manque que le restaurant Vodka), à l'américain (une marionnette des Guignols ratée), au pirate à la mâchoire carré (un digne ambassadeur du Somaliland sans doute), au rappeur afro-américain (Ghetto style), Lady Caca (elle s'appelle vraiment comme ça dans la BD, vous n'en reviendrez pas)...

Et c'est là le plus grand échec de cet BD, des fois, la BD donne des noms, des noms de personne qui sont unanimement détestées car comme cela la caricature sera approuvée par tous et nul n'y trouvera à redire. Je fais notamment référence au personnage de BHL dans le livre, dont la seule réplique est de dire qu'il va citer le Talmud pour calmer tous les fêtards du Yacht, voilà, son unique réplique. Cela est symptomatique, le personnage n'est défini que par une seule chose: il est juif, il mourra avec une ancre dans la gorge, à la case suivante, et à ce moment-là, je me suis dit que l'on pouvait pas remonter le niveau.

En fait tout a été vue comme caricature, et les gags eux-même ne sont pas efficace dans leurs majorité, ils ne soulèvent pas la colère ou l'indignation que fait naître un dessin polémiste. Ils ne suscitent que l'ennui, de l'ennui avec un certain étonnement quand on sait qu'il y a quand même un contenu politique dans le sens où on n'insiste bien sur le fait que le yacht en question contient l'élite de l'Occident selon les scénaristes.

Ce que Soral et Dieudonné ont fait c'est reprendre les Guignols de l'info en moins drôle et en plus anti-système: les juifs et les israéliens sont juifs, les élites occidentales sont délurés, le bas-peuple des pirates somaliens agissent pour une noble cause et même si certains faillissent à la tentation, la majorité est animé par une noblesse de caractère, Olivier Besancenot est un vil traître, Jamel Debouzze est l'arabe de service...

Ne lisez pas, ne le piratez pas, arrêtez tout cela, Dieudonné et Soral sont trop "so 2013" désormais, la mode est passée, il ne vous reste plus qu'a vous regardez dans le miroir et dire que si vous voulez vraiment foutre un 10/10 pour contrebalancer la note, si vous êtes encore un citoyen ou un valet, un sceptique ou un croyant. Si cette BD n'est pas à la FNAC, c'est parce que, tel Morsay (auquel Dieudonné a piqué la méthode de communication avec des vidéos "VS"), les créateurs ont refusé tout simplement d'aller faire un dépôt-vente. De surcroît si tu es un anti-système, fait des gosses pour toucher assez d'allocation pour te payer une Bande dessiné de 20 euros (!!!) alors qu'une BD de grande qualité avec 4 auteurs comme "Elric" se vend à 15 euros. Allez mon gars, va libérez la France du Sionisme, tu les auras tous, tu sais? Ses esclaves du système...
Moussur
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le 16 avr. 2014

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Moussur

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