André Cheret n’est plus. Rahan est définitivement orphelin et je suis triste.
Si je n’ai guère apprécié l’adaptation de La Guerre du feu – le roman de J. H. Rosny l’aîné – c’est que Rahan était l’un de mes plus vieux amis. Or, le fils des âges farouches était autrement plus civilisé, courtois et policé que les hommes-singes de Jean-Jacques Annaud,
Rahan nait de la plume de Roger Lécureux en 1969 dans le premier numéro de Pif Gadget. C’est un beau gosse intelligent, une stimulante combinaison de Tarzan (dans la version de Johnny Wessmuller, en plus blond), de Youri Gagarine et de Leonard de Vinci, évoluant dans une préhistoire revisitée avec dinosaures, tigres à dents de sabre et mammouths laineux. À la mort de ses parents, le jeune gamin est recueilli par le clan du Mont Bleu. Une éruption volcanique anéantit nouvelle famille. Son père adoptif, Craô le sage, lui lègue un collier de cinq dents, symbolisant la générosité, le courage, la ténacité, la loyauté et la sagesse. Plus tard, Rahan s’approprie un coutelas d’ivoire, un objet précieux aux multiples usages. Il est désormais prêt. Assoiffé de rencontres, il prend la route en quête de son destin et de « la tanière du soleil ».
Rahan, c’est un libre-penseur progressiste, collectiviste et tolérant. Armée de son seul couteau et de sa raison, il combat les croyances obscurantistes et les tyrannies locales. Par observation et déduction, il invente, au fil des épisodes, la longue-vue, le monte-charge ou l’hameçon, les offrant généreusement à ses amis d’un jour.
Rahan, c’est très beau dessin d’André Chéret, un décor luxuriant, des jeux d’ombres et de lumière et une vivacité exceptionnelle. Rahan bondit, saute, plonge avec grâce et détermination. Tout bouge dans Rahan !