"Si je ne peux plus marcher, c'est terminé pour moi..."
Apprenti de Tsukasa Hojo, Takehiko Inoue n'en est pas à son premier coup de maître, on retiendra Slam Dunk comme étant une référence du manga de sport ou Vagabond que je n'ai malheureusement pas encore lu, comme une référence du manga historique. On pouvait craindre un Slam Dunk bis mais il n'en est rien. La focalisation du manga, quelque peu versatile, fuit la facilité et nous projette dans la vie de plusieurs personnages, perdus et asphyxiés au plus profond d'eux-mêmes par des émotions qu'ils s'efforcent de contrôler tant bien que mal. On suit l'histoire de ces jeunes, en étant conscients qu'elle n'est pas le point central du manga dans lequel les émotions ressortent aisément du trait d'Inoue.
On sait tout l'amour que l'auteur a pour ce sport et il en fait une nouvelle fois l'élément central d'une de ses œuvres. Mais là où Slam Dunk favorisait l'aspect sportif et l'évolution de ses protagonistes dans ce sport de façon schématiquement linéaire, Real n'en fait que le prétexte d'une histoire troublante et dont ne peut se détacher avec félicité et nonchalance. Les scènes sont souvent emplies d'une tristesse profonde, le désarroi des personnages y étant parfaitement dépeint, le thème du handicap est traité de manière intelligente grâce à une vision précise et affûtée d'une réalité fictive scindée en deux par l'auteur, les différents points de vue sont transcrits avec efficacité. Entre le désespoir et la culpabilité, personne ne vit une telle situation avec facilité et on en prend plus que jamais conscience. Real est une oeuvre humaine, sociale et est si juste dans son propos qu'elle ne peut laisser indifférent.
Mais Inoue ne s'arrête pas là, le pathos ,qui découle naturellement des conséquences de tels événements, ne déborde jamais et l'espoir subsiste, la réhabilitation est un thème majeur, de même que le communautarisme et la volonté d'aller de l'avant. Le mélange est astucieux dans son traitement. On a également une vision forcée de l'autre côté du miroir, celui de la blessure, de la rééducation et de toutes ces choses intrinsèquement liées au thème du sport. Real est pour moi, excusez-moi des termes employés, une véritable claque dans la gueule (!!) et si vous lisez pour vous détendre, après une longue journée de dur labeur, je vous le déconseille fortement !
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