Entre deux chapitres de Vagabond, Inoue écrit un autre manga : Real. Si les couvertures des premiers tomes laissent à penser qu'Inoue retente la saga de basket-ball (après l'excellent Slam Dunk), la lecture des premiers chapitres nous font vite déchanter.
Real est un manga narrant la vie de trois adolescents. Trois adolescents perdus qui cherchent à retrouver un sens à leur vie. L'un d'eux était un athlète de haut niveau mais une maladie grave a mis fin à son début de carrière et a obligé les médecins à lui amputer la jambe. L'autre est un bourrin qui a quitté l'école depuis qu'il est responsable de la paraplégie d'une jeune fille. Quant au dernier, la star de l'école, il n'est plus que l'ombre de lui même après avoir été percuté par un camion et avoir perdu la sensation de toute la partie basse de son corps.
Real tourne donc autour du handicap. Comment apprécier cette nouvelle vie qui s'offre à des jeunes qui pensaient avoir tout le temps pour grandir et devenir ceux qu'ils ont rêvé. Grâce à son talent narratif, à la force de ses détails, Inoue ne cesse de nous émouvoir via l'histoire de ses trois protagonistes. Bien qu'ils ne soient pas vraiment agréables de prime abord, l'empathie est bien là. Et je parle bien d'empathie, un sentiment bienveillant et non pas de la pitié. Car si deux d'entre eux ont perdu la possibilité de marcher, un autre monde leur permettra d'exister, il suffit de le trouver. Paradoxalement, c'est Nomiya, le "valide" qui semble le plus souffrir de n'avoir sa place nulle part. Comme quoi, pas besoin de fauteuil roulant pour se sentir "faible".
Chaque année sort un tome de Real, un rythme bien trop lent surtout sous la plume d'un mangaka qui conçoit ses oeuvres comme un storyboard plus que comme un "bête manga". Mais chaque année, on se retrouve sous le choc de ce qu'il nous propose. Nos sentiments envers les héros ne cesse d'évoluer. On éprouve de la fierté de les voir grandir et on a qu'une hâte, connaître le dénouement de cette histoire. Et c'est bien le seul défaut de ce manga : ce rythme de parution intenable. J'avais 19 ans lorsque j'ai lu le premier tome, j'en ai 36, bientôt 37... Franchement, les mangaka, stoppez vos mauvaises habitudes et concentrez vous un peu sur la conclusion de vos histoires. Entre Hunter X Hunter, One Piece, Real, Nana, X, cela fait bien trop d'excellents titres inachevés. Il n'y a bien que pour One Piece que j'ai l'espoir d'un jour lire le mot "FIN".